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Génisse : une alimentation de haute précision

Kévin Robin est installé au lieu-dit Les Tibaults, à Tendu, depuis 2017. Eleveur de limousines dans un système naisseur-engraisseur, il met un point d'honneur à gérer la nutrition de ses génisses avec une très grande précision. Lorsqu'il s'agit de faire des vêlages à deux ans, le nerf de la guerre c'est l'alimentation.

Kévin Robin accorde une très grande importance à l'état général de ses animaux. Chez lui, tout passe par le calcul et l'observation.

Dans son exploitation de 150 hectares, Kevin Robin orchestre 60 vaches à vêler. Technico-commercial agricole dans une ancienne vie, il suit avec attention la nutrition de ses vaches, du statut de veau à la deuxième gestation. L'éleveur pratique le vêlage à deux ans. C'est pourquoi l'attention est portée sur l'alimentation donnée aux animaux. En effet, pour que le vêlage à deux ans se passe le mieux possible, il faut que la génisse ait atteint 60 % de son poids adulte au moment de la reproduction. Et tout commence à la naissance du veau qui deviendra génisse.

NOURRIR SES GÉNISSES PAR ÉTAPES

De la naissance au sevrage, les veaux ont du foin à volonté. « C'est impensable tout ce que ça peut manger » commente Kevin Robin. Les veaux sont également complémentés dès le premier mois pour amorcer leur croissance. Puis, ils sont mis à l'herbe dans un système de pâturage tournant, pas complémentés pour laisser la génétique s'exprimer. Les femelles sont sevrées fin juillet, lorsqu'elles approchent les 300 kg. Les génisses restent ensuite en bâtiment et sont nourries d'enrubannage à volonté (ray grass deuxième coupe 0,7UFL/ kg MS avec 9 % de protéines), de céréales et de complément azoté. Entre septembre et novembre, l'éleveur trie les femelles et garde les quatorze meilleurs GMQ.

Fin décembre-début janvier, juste avant la mise au taureau, les génisses pèsent alors 430-450 kg. Pendant la période de reproduction, elles ont de l'ensilage d'herbes de ray grass de première coupe (ray grass 0,75 UFL/ kg MS et 11 % de protéines) à volonté et de l'enrubannage déroulé de ray grass de deuxième coupe. L'éleveur augmente également la dose de farine à 1,5 kg et ajoute 1 kg de correcteur azoté à 30 % de protéines. « Ces apports permettent un équilibre entre l'énergie et les protéines » explique Jean Baptiste Quillet, conseiller bovin viande à la chambre d'agriculture de l'Indre. « Je favorise la croissance de la génisse à son engraissement » précise Kévin Robin. Les vaches sont également minéralisées.

Pendant l'été, les génisses ayant pris le taureau sont mises à part pour subir un traitement de faveur. Une ration plus poussée est alors mise à leur disposition pour bien préparer le vêlage : de l'enrubannage à volonté et en fonction de l'analyse de cet enrubannage, environ 1,5 kg de céréales et 0,5 kg de correcteur azoté à 30% de protéines pour ne pas pénaliser leur croissance. « La période de vêlage s'étend du 15 novembre au 15 janvier mais la majorité est finie au 31 décembre » rapporte l'éleveur.

PRIMIPARE : ATTENTION ACCRUE

« C'est ensuite une des phases les plus importantes et à laquelle j'apporte énormément d'attention, souligne l'éleveur. Entre le premier veau et la reprise de la reproduction, on en demande beaucoup à la vache. Il faut qu'elle continue sa croissance, qu'elle produise du lait jusqu'au sevrage et qu'elle reprenne la reproduction ». La vigilance quant à l'état de l'animal est de mise. « En général, elles donnent beaucoup à leur premier veau et peinent donc à reprendre » explique-t-il. Une alimentation adaptée est une des clefs pour remettre la vache sur pattes et faire en sorte qu'elle soit prête pour une nouvelle gestation. Et Jean-Baptiste Quillet de préciser que « Kevin Robin pratique ce flushing en augmentant le niveau énergétique de l'alimentation pour favoriser les chaleurs. La ration est d'environ 2 kg de céréales et 0,5 kg de correcteur azoté ».

Ce système d'alimentation bien rodé comporte de nombreux avantages. « Ce fonctionnement permet de gagner une génération. Il optimise également le nombre de bêtes sur la surface d'exploitation, mais cela nécessite un excellent suivi technique » poursuit le conseiller. « Au final, ce système naisseur-engraisseur, avec des vêlages à 2 ans, est économiquement intéressant. Il m'a permis de m'installer hors cadre familial et me fait vivre aujourd'hui » conclut Kévin Robin


Analyse d'expert

Jean-Baptiste Quillet, conseiller bovin viande à la chambre d'agriculture de l'Indre.

L’exploitation de Kevin Robin est dans un « système cohérent, viable économiquement et les résultats sont là » commente Jean-Baptiste Quillet, conseiller bovin viande, qui suit l’exploitation de Kévin Robin depuis le début.

Ces résultats sont le fruit de nombreuses analyses. « Tout est calculé pour que les vaches soient toujours en état. Les bottes sont pesées, les veaux également. Les analyses de fourrage sont réalisées par la chambre 3 à 4 fois par an ». De ces chiffres, dépend tout le reste de la gestion alimentaire. « Selon les résultats, Kevin Robin ajuste la quantité de compléments à donner ».

 Au-delà des nombreux calculs et analyses de fourrage, l’éleveur s’appuie aussi beaucoup sur son sens de l’observation et la connaissance de ses animaux. « Il observe attentivement les bouses des génisses pour vérifier leur état de santé mais celles des veaux également. « Je me fis aussi beaucoup au regard de l’extérieur sur mes animaux. Mon salarié qui n’est là qu’une fois par semaine a plus de recul sur l’état de mes vaches que moi qui les vois tous les jours. » ajoute Kevin Robin.

« Autre point important auquel Kevin fait très attention, ce sont les transitions, explique Jean-Baptiste Quillet. Pour ne pas perturber la digestion des vaches et leur permettre d’absorber correctement les nutriments, la transition d’un fourrage à l’autre doit se faire progressivement ».

« Le processus que Kévin Robin a installé lui permet d’avoir bon IVV ». En moyenne, 375 jours s’écoulent entre deux vêlages. « La preuve du bon fonctionnement de son exploitation est son taux de mortalité des veaux de son exploitation. Il se situe à une moyenne de 7%, soit environ quatre veaux. Ce qui demeure cohérent » détaille Jean-Baptiste Quillet.

 

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