Allier cultures et ovins : des résultats prometteurs
Faire pâturer ses ovins dans des cultures ou des couverts intéresse tant les éleveurs que les céréaliers. Intrants limités, intercultures valorisées, apport de biomasse et amélioration de la marge brute, sont autant d’avantages procurés par cette pratique.
Faire pâturer ses ovins dans des cultures ou des couverts intéresse tant les éleveurs que les céréaliers. Intrants limités, intercultures valorisées, apport de biomasse et amélioration de la marge brute, sont autant d’avantages procurés par cette pratique.

“Allier un atelier ovin à une ferme en grandes cultures va dans le bon sens. A l’heure de l’agroécologie, cette démarche est philosophique mais aussi économique et agronomique », a introduit JeanFrançois Vincent, président de Bio Centre. Cette structure organisait, le 25 janvier dernier à Savignyen-Septaine (Cher), une journée à destination des personnes intéressées par l’association d’ovins et de grandes cultures.
Colzas et blés en pâture
Lors de la matinée, il a été présenté les résultats du projet Sobriété qui vise à concevoir et diffuser de nouvelles pratiques alliant les grandes cultures à l’élevage ovin, via un système de polyculture-élevage conduit en bas intrants. Cette stratégie amène à valoriser le moindre couvert et les cultures qui peuvent l’être sur l’exploitation. Concernant les couverts végétaux, il a été précisé que tous peuvent être pâturés (à l’exception des moutardes en pur, de la gesse, de la vesce velue, s’ils sont en graines et le sorgho à moins de 60 cm car toxique si plus haut). Ils couvrent les besoins des brebis à tous les stades physiologiques. Même si la pratique est moins convenue, faire pâturer les colzas grains est également très intéressant sur le plan nutritionnel pour les brebis (100 g de PDI par kg de matière sèche). Avec un chargement de 80 par hectare, les brebis peuvent pâturer durant trois jours une même parcelle lors de la phase végétative, c’està-dire d’octobre à décembre. Le colza doit être robuste et bien développé, les brebis ne doivent pas consommer l’apex. Il faut éviter les conditions humides et les colzas infestés de larves d’altises. La quantité d’azote restituée à la culture suite au passage des ovins est au moins égale à celle restituée suite à la défoliation par le gel. En revanche, aucune amélioration n’est à attendre au niveau rendement de la culture. Concernant les céréales pâturées, la valeur alimentaire est, là aussi, très élevée pour les brebis (100 g de PDI par kg de matière sèche). Avec un chargement de 80 brebis par hectare, une des précautions à prendre pour ne pas dégrader le rendement de la culture, est de respecter le stade végétatif de la plante ; retenir que le stade tallage ne doit pas être dépassé. Le pâturage doit s’effectuer sur un sol non portant. A noter que cette pratique réduit la pression septoriose sur les céréales.
Des agriculteurs partagent leur expérience
A l’issue de cette présentation, les expériences de la SCEA de Clamecy à Arçay (18) et de l’EARL des Mussets à Busloup (41) ont été partagées. Cette dernière exploitation est en polycultureélevage et comprend 140 ha et 330 brebis. Jusqu’à il y a peu, le fourrage était produit en excédent et les cultures étaient infestées de graminées. Pour remédier à ces problèmes, 10 ha d’herbe ont été remplacés par du tournesol et du pois, et 20 ha de dérobées ont été semés. La biomasse a ainsi été ramenée de 509 tonnes à 377 tonnes de matière sèche, ce qui est encore suffisant pour couvrir les besoins du troupeau ovin. Avec cet assolement modifié, l’EARL a économisé 26 % d’azote minéral. A la SCEA de Clamecy, un atelier ovin a été créé pour valoriser les couverts végétaux d’interculture dans cette exploitation de 193 ha. Plutôt que de les broyer, une centaine de brebis les ont pâturés. Afin d’atteindre l’autonomie fourragère, la SCEA réserve une partie de la surface en luzerne porte-graine qu’elle a récoltée sous forme de fourrages. De plus, le semis de 6 ha de prairies temporaires sont venus compléter la surface de prairies permanentes. La biomasse produite est de 208 tonnes de matière sèche, c’est plus que nécessaire. La marge brute par hectare a été améliorée de 49 euros en 2022.