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Des milliers de graines du monde entier conservées à Saint-Pétersbourg

  L’Institut Vavilov de Saint-Pétersbourg est une bibliothèque d’un genre particulier. Pas de livres dans les rayonnages, mais des milliers de petits sachets étiquetés renfermant des graines du monde entier. Certaines d’entre elles sont uniques, d’autres ont contribué à relancer les cultures de pays dévastés par la guerre. 

Au sein de l’Institut Vavilov de Saint-Pétersbourg, sont conservés plus de 360 000 échantillons de variétés végétales, représentant 86 familles, soit 2 102 espèces appartenant à 425 genres. Près de 80 % d’entre elles seraient même introuvables dans les autres banques de semences. Sa collection renferme de quoi reconstituer le patrimoine végétal en cas de disparition de la biodiversité !

A L’ABRI DES SOUBRESAUTS DE L’HISTOIRE

L’histoire de la plus ancienne banque de graines du monde a débuté à Saint-Pétersbourg en 1894, quand le ministère russe de l’agriculture et des domaines fait établir une annexe de l’Académie des sciences agricole de Russie. Cet institut botanique avait pour vocation l’étude des plantes cultivées en Russie. Ainsi a commencé la collecte des diverses plantes et graines à travers le pays.  En 1910, le généticien russe Nikolaï Vavilov intègre l’institut pour parfaire sa formation sur la botanique appliquée. A la veille de la Première Guerre mondiale, plus de 10 000 variétés végétales avaient été rapportées des provinces russes. Au fil des ans, l’institut évolue, tout comme Vavilov qui en devient son directeur. En 1924, l’herbier recense près de 50 000 variétés. Malgré les bouleversements politiques et l’emprisonnement de Nikolaï Vavilov, la riche collection tient bon et est même épargnée par la Seconde Guerre mondiale grâce au dévouement du personnel de la banque qui a fait sortir clandestinement de la ville les spécimens les plus précieux et qui a protégé les autres des pillages. Il faut dire que déjà en 1940, cela représentait près de 250 000 semences. Les graines perdues lors affrontement ont pu être restituées grâce à la récolte des plantes dans les champs voisins ensemencés quelques mois plus tôt. En 1967, l’institut est rebaptisé du nom de Vavilov. Grâce à ses dizaines d’expéditions à travers le monde, il a pu étoffer cette remarquable collection qui s’enrichit encore d’année en année. D’ailleurs, certains horticulteurs français, spécialisés dans les races anciennes de légumes, de céréales et bien d’autres, envoient tous les ans des semences à l’institut afin de consolider le stock existant.  

L’ART DE LA CONSERVATION

Les semences ainsi envoyées par les contributeurs ou collectées sur le terrain par les botanistes sont référencées avec minutie par ces gardiens des graines. Elles sont placées dans de petits sachets étiquetés et précieusement rangées dans les rayonnages de cette étrange bibliothèque. Les graines ne peuvent pas se conserver plus de cinq à sept ans.  Toutefois, l’institut possède d’autres lieux de conservation où se trouvent des graines et des greffes congelées, ce qui offre une conservation efficace pendant près de 50 ans. Les pollens et certains greffons sont également cryogénisés dans de l’azote liquide (-196°C), permettant une protection bien plus longue. Afin de préserver leur potentiel cultural, les graines doivent être régénérées régulièrement. Ainsi chaque année près de 10 % de la collection est implantée, et quelques mois plus tard de nouvelles graines sont ainsi prélevées.

RELANCER LA PRODUCTION

Outre l’aspect scientifique et botanique de collectionner des semences, le réel but de l’institut était, lors de sa fondation, de pouvoir avoir sous la main les ressources nécessaires pour relancer la production agricole, afin d’éviter les famines. L’institut a rempli pleinement ce rôle. Après le second conflit mondial, l’Europe a pu se réapproprier des espèces oubliées. L’Ethiopie a par exemple pu retrouver une variété de blé disparue lors des guerres civiles qui avaient ravagé le pays dans les années 70.  Plus récemment, en 2016, l’institut a pu fournir à des agronomes français basés à Lyon, une trentaine d’échantillons de semences locales devenues introuvables dans le pays depuis des décennies. Ainsi les « haricots de Lyon » ou encore le chou « quintal d’Auvergne » doivent une fière chandelle aux botanistes russes, avec leur réintroduction dans les cultures de Haute-Loire en 2018.

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