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Le colza associé, une approche agronomique bénéfique

A Vicq-sur-Nahon, Thierry Moulins sème une partie de son colza en association avec de la féverole. Un duo gagnant lui permettant d’assurer un bon rendement sur ses parcelles hydromorphes, tout en réduisant les apports d’azote. Une stratégie mise en place avec le soutien de Gilles Sauzet, initiateur de la démarche lorsqu’il était ingénieur à Terres Inovia.

L’association colza-légumineuse peut être, avant d’en avoir fait l’expérience, source de questionnement puisqu’elle demande du temps au moment de l’implantation, éventuellement du matériel, et peut générer de la concurrence vis-à-vis du colza si les espèces associées ou leur densité ne sont pas adaptées ou correctes. Des interrogations balayées lorsque l’on sait qu’« après la présence d’un couvert de légumineuses, le colza n’est pas en rupture d’alimentation azotée, il reste souvent vert et sa biomasse  automnale identique voir supérieure à celle d’un colza seul dans la même parcelle », relève Gilles Sauzet.  

DE MULTIPLES ENSEIGNEMENTS

Les prémices du colza associé trouvent leur genèse en 1993. Cette technique est redevenue d’actualité début des années 2000. Il s’agissait alors de couvrir les besoins en azote en sortie d’hiver pour ne pas casser le cycle de croissance au printemps. Pour cela, le Terre Inovia (ex Cétiom) avait listé plusieurs critères, tous liés à la performance agronomique, concourant à la qualité d’enracinement, à la richesse du sol (azote et phosphore), ainsi que l’amélioration de la structure tout cela dans le but d’augmenter la porosité biologique et de ce fait la minéralisation. « Nous avions besoin de légumineuses estivales gélives dont le but est d’aider le développement de la densité racinaire et par conséquent, la porosité du sol pour faciliter la minéralisation », retrace Gilles Sauzet. En effet, lorsque la légumineuse disparaît, elle relargue de l’azote au printemps au moment où le colza en a le plus besoin. Ces espèces (crucifères et légumineuses) sont complémentaires.

Le colza est plus précoce que les légumineuses employées ce qui limite considérablement les risques de compétition entre espèces. « Pour être sûr de la bonne levée du colza et assurer sa biomasse, il est nécessaire d’avoir un décalage dans les dates de levée, même si les espèces sont semées ensemble, sur le même sillon de semis, appuie l’ingénieur. Le plus compliqué, en situation estivale est d’assurer la levée du colza. La couverture rapide du sol va ainsi limiter les levées tardives d’adventices et diminuer la croissance de celles à levée précoce ». Les agriculteurs se sont appropriés la démarche rapidement, dès le premier jour de la réflexion sur le sujet. Ce n’est qu’après qu’ont été réalisées les expérimentations en quête de références et de compréhension. De là, il en découle plusieurs enseignements positifs, notamment concernant l’impact sur les adventices : la croissance des plus précoces s’en trouve limitée et les tardives deviennent plus rares voire inexistantes. Il a été également constaté un effet sur les ravageurs. « Le comportement du colza est évidement déterminant : sa croissance et son développement étant essentiels à la réussite de la gestion des insectes automnaux. Les légumineuses améliorent significativement ce comportement par des effets de dilution ou de perturbations diverses. Depuis 2013, les parcelles de colza poussant, associé avec des légumineuses également vigoureuses sont indemnes de protection à l’automne avec une réussite totale », explique Gilles Sauzet.

DES LEVIERS AGRONOMIQUES POUR RÉDUIRE  LES INTERVENTIONS

Enfin, le système racinaire des plantes compagnes améliore la structure du sol. « Le colza en ressort plus robuste dans un contexte hydrologique variable », ajoute-t-il. En présence d’un risque d’adventices, il est possible d’ajouter une autre espèce dans le mélange telle que le fenugrec ou le trèfle d’Alexandrie afin d’avoir une couverture du sol rapide vis-à-vis des insectes et des ravageurs. Quant à la féverole, outre son atout pour le colza, qui capte l’azote de ses feuilles près sa destruction par le gel, les cultures suivantes bénéficient de l’azote minéralisé par les racines et la tige. De plus, la porosité du sol rendu possible par le système racinaire de la féverole permet de diviser la charge mécanique par deux selon des expériences menées par Gilles Sauzet.

DES ÉCONOMIES À LA CLÉ

Thierry Moulins ne fait pas partie des adeptes de la première heure. Au contraire « au début, je n’étais pas en phase avec ce qui était proposé autour du colza associé », avoue-t-il (lire témoignage). Depuis 2006, cette approche sécurise son rendement, quel que soit le potentiel initial (+ 2 à 5 quintaux dans 85 % des cas) tout en réduisant la facture. En effet, les charges opérationnelles de protection de la culture sont à la baisse (environ 100 euros), tout comme les IFT et plus marginalement les apports d’azote. « En contrepartie, nous avons augmenté le potentiel sans rien révolutionner. Le colza s’avère plus robuste, plus résilient », concluent Thierry Moulins et Gilles Sauzet. Ce qui n’est pas négligeable, notamment dans le contexte actuel d’envolée des prix. 

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