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Le miel d'été sauve la saison

A la tête de 700 ruches, Manuel Roger, de Chabris, dresse un bilan amer sur cette saison. La sécheresse et le manque d'eau ont cruellement impacté la récolte en miel.

Une nouvelle saison pas si catastrophique que ça, car on fait du miel de fin d'été, avec le miel de tournesol, mais une saison psychologiquement très dure » Manuel Roger apiculteur depuis 13 ans, est catégorique, 2019 est la plus compliquée pour les nerfs de l'apiculteur. En général, avec ses 700 ruches, le vice-président de l'Adapic récolte entre 50 et 60 tonnes de miel, toutes variétés confondues. Cette année, il atteint tout juste les 25 tonnes.

 

La nourriture, la grande absente

Manuel Roger ne s'inquiète pas pour la survie des abeilles, « mais les aléas climatiques que nous connaissons ces derniers temps font souffrir les plantes et donc les potentielles réserves de nourritures des abeilles ». En effet, les sécheresses de 2018 et 2019, les canicules des derniers mois, ont limité les ressources alimentaires des abeilles. Un déficit alimentaire que l'apiculteur a du palier en nourrissant ses ruches en pleine saison, « une première en 13 ans ! »Un coup dur, mais une nécessité pour maintenir la ruche en vie tout en gardant à l'esprit qu'il faut retirer au plus vite l'apport de nourriture sous peine d'avoir des traces de sucre dans le miel et de l'altérer donc de le perdre. « Quand on en arrive à nourrir les abeilles en plein printemps, période où logiquement, elles trouvent de la nourriture à foison, on se sent un peu démuni. ».

Au printemps, une ruche « miel-lotte » pour se développer, les abeilles ne sont aucunement dans une stratégie de stockage à cette période-là. Pour se faire, la ruche a besoin de nourriture en quantité. « Le colza est la première plante nourricière en avril, on sait tous que cette année le colza a été une catastrophe, donc fenêtre alimentaire très faible pour les abeilles », rappelle-t-il. Quand le colza fait défaut, l'aubépine prend le relais, mais là pareil, pas ou peu de floraison d'aubépine. « Partant de là, pas de miel de printemps », résume-t-il. Fin mai, les acacias en fleurs, ce qui redonne du baume au cœur des apiculteurs voyant une opportunité de miel de qualité, à forte valeur ajoutée. Cependant, la météo ne se range pas de leur côté, en 15 jours les fleurs ont perdu de leur superbe. « Début juin, on a essuyé de grosses averses, pile lorsque les ruches sont en pic de production et développement, nous avons donc dû intervenir pour sauver celles qui étaient en déclin par manque de nourriture pour l'ensemble de la colonie », poursuit-il. Tout ça juste avant la période de miel de forêt. Les châtaigniers en plein floraison n'ont pas supporté l'épisode caniculaire, « les fleurs ont vite faner. Miel de forêt, à oublier ! »Seules la ronce et la bruyère ont répondu présentes, ce qui donne un miel de forêt plus doux, moins fort que d'habitude lorsque de le châtaigner s'exprime pleinement.

 

Le tournesol sauve les récoltes

Le miel d'été semble être placé sous de bons auspices. Manuel Roger constate que sur l'ensemble de ces ruchers, dans le nord de l'Indre, en Touraine et en Sologne, « dans un rayon de 40 km maxi autour de l'exploitation », les ruches sont en pleine effervescence. « Elles ont produit les 2/3 de notre volume annuel avec ce miel estival », précise-t-il. Une belle récolte, un peu inattendue. Le miel de tournesol a connu une perte de vitesse « avec la sélection de semence de tournesol moins mellifère ». Cependant, les apiculteurs notent que depuis quelques années, les nouvelles variétés implantées « combinent les attentes oléagineuses et mellifères ». Depuis 2 ans, le tournesol offre des productions intéressantes, si la tendance dure, « le miel d'été va devenir une miellée stratégique, devenir une priorité au même titre que le miel d'acacia », prévoit Manuel.

Malgré sa nature optimiste, Manuel sait déjà qu'il fera l'impasse sur le miel de sarrasin. La culture souffre du manque d'eau. « Ayant aussi une exploitation céréalière bio, pour éviter que les adventices s'installent, j'y passe des coups de broyeurs ». Une tendance identique sur l'ensemble de son secteur de transhumance.

 

Un équilibre économique difficile

En parallèle, Manuel fait d'élevage de reines et la production d'essaims, des activités qui en 2019, lui permettent de clore la saison sur un bilan « économique positif, de justesse ». Il emploie 5 saisonniers et c'est la première année où il ne sait quoi répondre lorsqu'ils l'interrogeaient sur l'organisation des tâches, une période estivale perturbante pour lui. L'apiculteur avoue sans détour que s'il n'y avait pas rentrer un peu de miel et les autres ateliers, « je serais en tête à tête avec ma banquière pour trouver les solutions pour pouvoir honorer les charges et les salaires, c'est la première année que je pense à ça en pleine saison ! »

 

Favoriser les variétés mellifères

Manuel croit en la bonne entente entre apiculteurs et agriculteurs et note les efforts réalisés lors du choix des variétés implantées dans les Cipan, « souvent on me demande quelles variétés favoriser pour allier atouts agronomiques et mellifères » et les initiatives des agriculteurs engagés dans une démarche d'agriculture de conservation. « Des approches permettant à tous d'être gagnant »

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