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Louis Lebourdais, écrivain et agriculteur

Louis Lebourdais publie son nouvel ouvrage, « Cent ans ! Les petits bonheurs d'un paysan de l'Ouest ». Un livre anti-morosité magnifiquement écrit, un voyage dans le temps et une réflexion sur l'agriculture et son évolution.

Louis et Lucienne Lebourdais livrent un témoignage qui nous aide à comprendre le monde d'aujourd'hui.

Louis naît en 1923 entre Sarthe et Normandie, dans une ferme minuscule de 8 hectares sur laquelle il tente de vivre avec Lucienne son épouse. Le couple élève quelques vaches laitières avec un puits, une mare – mais pas d'eau au robinet, pas de tracteur ni d'outils, sinon ceux que la jument peut tirer. Pour se déplacer, carriole, Vélosolex noir ou petit train rural. Trois enfants naissent et la famille adopte généreusement une fillette de l'Assistance publique. Comment imaginer que des paysans qui ont davantage travaillé au cheval qu'au tracteur peuvent encore témoigner de leur savoir-faire ?

Louis raconte des paysages d'autrefois, des voisins hauts en couleur, un mode de vie si différent du nôtre, dans un territoire que nous croyons connaître ; un témoignage qui nous aide à comprendre le monde d'aujourd'hui. Louis et Lucienne expriment l'enthousiasme des Trente Glorieuses pour les solutions efficaces : épandre l'engrais triple le rendement du blé. Lucienne raconte le soulagement de combler mares et puits, « réservoirs à moustiques en été et où tant d'enfants s'étaient noyés ». Bien sûr, nombre de petits animaux s'y abreuvaient, mais la biodiversité n'était pas la priorité.

 

LES RAISONS DE LA MUTATION

Élu maire de son village en 1959, Louis débute le remembrement « pour ouvrir le paysage » du bocage. Depuis longtemps, les paysans sarthois rêvent aux vastes espaces prospères de la Beauce. Il fallait aussi laisser passer tracteurs et remorques, toujours plus larges. Louis et Lucienne ont apprécié la modernité, ces innovations qui les libèrent d'un travail manuel épuisant et répétitif dans le froid, sous la pluie. Encore aujourd'hui, ils critiquent la nostalgie : « À force de parler du bon vieux temps, de prétendre que c'était mieux hier, on oublie de préparer demain ! » En 1962, le couple s'installe en Touraine, achète son premier tracteur et une 2 CV Citroën. L'eau courante au robinet change la vie familiale et professionnelle, un élevage de porcs est aménagé. Louis s'investit dans le syndicalisme agricole à la FDSEA et Lucienne à la MSA.

En 1984, Louis prend sa retraite. Pour Lucienne et lui, une autre vie commence. Ils découvrent la France, participent au spectacle son et lumière de Loches, à des associations locales. Louis écrit ses mémoires : « Les choses qui se donnent » et « Les épis du vent » aux éditions Cénomane. Deux ouvrages émouvants dans lesquels il évoque les figures de son enfance. Un vrai voyage dans le temps, magnifiquement rédigé par un homme qui a pourtant quitté les études à 13 ans en 1936, certificat en poche. Mais il a chanté des chansons qui lui enseignent les sonorités, le rythme, le mot juste, et il a beaucoup lu.

 

UN AUTRE MONDE

Louis a vécu la précédente transition énergétique, celle du cheval vers le pétrole. Le monde rural qui produisait énergie (chevaux, ruisseaux, vent, bois…) et matières premières (bois, fibres, textiles…) devient consommateur de pétrole et d'engrais. La planète comptait deux milliards d'habitants lorsque Louis naquit, huit aujourd'hui ; quatre fois plus de bouches à nourrir, avec une surface cultivable moindre, du moins en France où le bitume recouvre irrévocablement des terres fertiles. Louis n'utilise pas les mots à la mode, tels « local, autonome, renouvelable, recyclable, durable », car ses contemporains les mettaient chaque jour en pra-tique. De même, « raisonné » : les agriculteurs, les ruraux ont toujours raisonné, sans s'en vanter. Sur des feuilles de récupération, Louis a écrit au stylo un troisième ouvrage, « Cent ans ! » que les éditions Ouest-France viennent de publier. Avec son infinie tendresse, il fait revivre les êtres qu'il a rencontrés, sa famille entre Sarthe et Normandie, entre les guerres du XXe  siècle : son oncle violoniste puis charpentier, les chanteurs de rue, les chevaux qu'il a appris à conduire avec son père, les jardinages, la cuisine de sa mère à la cheminée de leur fermette. Il évoque la saveur des nourritures simples, les crêpes du Mardi gras, le banquet du 14 juillet et la fête du cochon. Des étincelles de joie pétillent, des ritournelles fusent dans leur existence frugale et rude, mais semée de mélodies, de refrains et de rimes. Il raconte d'émouvantes rencontres, Vittorio le maçon italien et Youcef, soldat de la Libération qui lui enseignent d'autres visions du monde. Louis confie « ses petits bonheurs d'agriculteur » et sa large vision : un siècle d'expérience et bien davantage encore, car il savait écouter les anciens de son village. Avec toujours des chansons et son magnifique appétit de vie.

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