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Luzerne, une culture intéressante mais exigeante

A l’occasion de l’après-midi technique dédié à la luzerne et à ses intérêts multiples dans l’alimentation animale, organisé à Arpheuilles le 13 septembre, les techniciens présents ont détaillé l’ensemble des besoins de la culture afin de réussir son fourrage tant en qualité qu’en quantité.

Selon la méthode Comifer*, permettant de savoir quelles sont les exigences d’une espèce végétale en termes d’éléments chimiques, la luzerne nécessiterait un fort besoin en phosphore (P) et un besoin important, mais plus modéré en potasse (K). Cependant, cette observation ne signifie pas qu’elle en exporte autant. A titre d’exemple, une tonne de matière sèche de luzerne n’exporte que 6 kg de phosphore et 30 kg de potasse. Ses besoins sont pourtant beaucoup plus importants en phosphore, alors qu’elle en exporte moins.  

Afin de savoir comment fertiliser la culture en sortie d’hiver, début d’été, il faut impérativement prendre en compte la fertilisation de l’année précédente, et la teneur présente dans le sol. Afin d’aider à la décision, la méthode Comifer met certains seuils en place : le seuil T-renforcé, seuil en-dessous duquel il faut impérativement apporter et le seuil T-impasse, seuil au-dessus duquel il n’est pas nécessaire d’apporter. Ces seuils dépendent également de la nature du sol. « Le fascicule Comifer complet est disponible gratuitement sur internet » précise Thomas Rochereau, conseiller Herbe et Fourrages.  La luzerne est également très exigeante en soufre. Aujourd’hui, les carences sont rares car les effluents d’élevage permettent de combler les besoins. Mais les carences sont possibles dans les situations à risques telles que des sols filtrants, peu profonds, de faibles apports de matière organique ou encore un hiver très pluvieux. Selon un essai mené en Champagne crayeuse, un apport de 50 unités de soufre par hectare permettrait de gagner 1,5 t de MS/ha et 1 point de MAT/ kgMS. Un gain en qualité et en quantité.

ÊTRE PRÉCIS SUR SON PH

La luzerne n’apprécie pas les PH en dessous de 6 car les nodosités peineraient à se développer, ne capteraient pas l’azote atmosphérique, ce qui pénaliserait le rendement. Un PH trop haut est également problématique car il entraine des carences induites en Bore, or la luzerne a besoin d’avoir du Bore à disposition dans le sol. Ainsi, un PH entre 6 et 6,5 est idéal. Il faut savoir que le PH aura tendance à baisser d’une année à l’autre, si on ne revient pas avec de la chaux. Selon les différents essais menés, un chaulage pulvérisé augmente le PH beaucoup plus rapidement qu’un produit broyé, mais cela n’aura pas de différence significative sur la production. D’un point de vue production justement, le témoin n’ayant pas reçu de chaux est bien en deçà de la luzerne chaulée. L’étude montre également qu’en cas de chaulage de redressement, il ne faut pas remonter le PH trop fortement, l’idée est d’y aller par palier de 0,5. Au-delà, le sol est perturbé. 

TECHNIQUES DE DÉSHERBAGE POUR UNE LUZERNE PROPRE

« Avant de penser désherbage chimique, il faut penser à actionner tous les leviers en amont pour limiter les risques et notamment à l’implantation, soit en réalisant des faux semis pour faire germer le stock d’adventices au début ou faire un labour pour limiter et essayer d’enfouir les graines d’adventices », avance Thomas Rochereau. Si les problèmes persistent notamment en première année d’exploitation, la plus importante pour la luzerne pour qu’elle se développe et ne pénalise pas le rendement et la qualité sur les années suivantes, il faudrait réfléchir au désherbage chimique. C’est après le semis, au stade 3 feuilles et en conditions favorables (hygrométrie importante (> 60 %), température entre 15 et 25°C avec une faible amplitude thermique (< 15°C) qu’il faut intervenir. Un chantier agricole qui s’élèverait à 80 €/ha.  « Si les adventices sont présentes dans les années d’exploitations suivantes, c’est plus compliqué mais encore possible. On peut choisir d’intervenir à l’automne ou au printemps en fonction des produits, en conditions favorables, mais attention au délai de retour avant récolte » conseille Ce rendez-vous technique dédié à la luzerne a permis de définir les différents intérêts de l’intégration de la culture dans les fourrages, notamment pour les élevages laitiers mais aussi allaitants. Un point sur les méthodes d’implantations et de récoltes a été fait. Thomas Rochereau. Le coût du désherbage s’élève alors à 40 €/ ha. Après un essai de la chambre d’agriculture de l’Indre en Brenne, sur une première année d’exploitation de la luzerne, il a été enregistré une hausse de 4 t de MS/ha/an avec le désherbage.

UNE LUTTE CONTRE LES RAVAGEURS INDISPENSABLE

La lutte contre les ravageurs s’effectue surtout au printemps. Les phytonomes font le plus de dégâts. La fauche anticipée est la plus efficace, mais il est aussi possible de lutter chimiquement. Contre les sitones, seule la lutte chimique a prouvé son efficacité. La récolte d’automne est un moyen de lutter contre les apions. Contre les nématodes, les leviers préventifs comme l’utilisation de semences certifiées, de variétés résistantes ou jouer sur la rotation culturale sont probants.  L’achat de semences certifiées ou les luttes chimique et thermique sont utiles contre la cuscute. Face à la sclérotiniose, seule la rotation culturale a pu faire ses preuves. Pour faire obstruction à la verticiliose, seul l’achat de variété de résistantes assure une efficacité satisfaisante. Enfin, contre l’anthracnose et les taches communes, la fauche anticipée est une excellente solution.

* Comifer : comité français d’études et de développement de la fertilisation raisonnée.

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