Marguer’ice, histoire d’une crème glacée locale
En 2011, un couple d’éleveurs indriens fait le pari de transformer une partie de sa production laitière. Onze ans plus tard, retour sur une diversification réussie.
En 2011, un couple d’éleveurs indriens fait le pari de transformer une partie de sa production laitière. Onze ans plus tard, retour sur une diversification réussie.

La reconversion professionnelle de Nienke Koumans intervient en 2008. Elle rejoint son mari sur l’exploitation laitière basée à Clion (36). « J’étais prête à m’installer, précise-elle, mais je voulais disposer de mon propre atelier. » L’éleveuse tombe par hasard en 2009 sur une publicité du concept néerlandais « Glaces de la ferme » dans la presse spécialisée. Originaire de ce pays, le couple fait alors le pari de transformer une partie de son lait en glaces. Cependant, l’adhésion au concept des Pays-Bas est bien trop onéreuse. « Initialement, j’ai une formation de commerce international, précise Nienke Koumans. J’ai donc mené seule ce projet de diversification, via la mise en place d’une étude de marché, la visite de salons professionnels ou encore le dépôt du nom Marguer’ice. A l’esquisse de mon projet d’installation, j’escomptais mettre en place une ferme pédagogique. Or il y en a déjà beaucoup sur le territoire et la demande, notamment des écoles, est assez limitée. » Malgré la quasi-totale absence de subventions et la réticence des banques, la jeune agricultrice ne se démotive pas et démarre sa nouvelle activité en juillet 2011. « Aujourd’hui, nous transformons entre 10 et 12 000 l de lait chaque année. Cela représente peu en volume comparé aux 85 vaches que l’on trait quotidiennement. Mais en termes de chiffre d’affaires, c’est 25 % ! », argumente Johannes, le mari de Nienke. Actuellement l’exploitation de 122 ha, principalement composés de prairie et de maïs ensilage, emploie 1,5 salarié en plus des 2 associés.
UN INVESTISSEMENT CONSÉQUENT
Les principaux investissements de départ concernent la construction d’un laboratoire de transformation et l’achat d’un véhicule nécessaire aux livraisons. Pour la clientèle, Johannes sillone 6 départements. « En plein mois de juillet, je fais aux alentours de 1 000 km par semaine pour assurer les livraisons. Nous tentons d’optimiser les tournées mais cela engendre parfois une augmentation des délais. Nos clients savent que nous sommes commerçants, certes, mais avant tout éleveurs. » Ils poursuivent leur développement en 2017. « La hausse incessante de la demande nous a conduits à investir dans un nouveau bâtiment destiné à la transformation, plus spacieux et plus fonctionnel. Nous avons également acquis un nouveau véhicule réfrigéré, plus grand, car les commandes par point de vente ne cessent de croître. »
UN CHOIX DE PRODUCTION BIEN DÉFINI
Par souhait d’une qualité irréprochable, le couple Koumans a choisi de bannir les arômes artificiels. « Nous n’utilisons que des produits naturels, comme la purée de fruits », précisent-ils. Evidemment, les ingrédients qui agrémentent les crèmes glacées ne sont pas tous issus de la ferme. « Je réalise moi-même les yaourts et le caramel, les autres goûts sont achetés à l’extérieur », détaille l’éleveuse. Tout comme pour la crème, par soucis d’antigaspi. En effet, une fois écrémé, le lait ne peut pas être réintégré dans le tank. « Dès lors que la phase d’écrémage serait réalisée, nous devrions le jeter car la coopérative qui le collecte ne pourrait pas le valoriser, faute de matière grasse suffisante », avance-t-elle.
UNE ACTIVITÉ SAISONNIÈRE
Les grosses chaleurs de la mi-juillet ont participé à l’essor de leur atelier de diversification, engendrant parfois quelques ruptures d’approvisionnement. « Même si les gens mangent des glaces toute l’année, la majeure partie de notre production est commercialisée d’avril à octobre. Et le mois de juillet 2022, caniculaire, a permis d’augmenter notre chiffre d’affaires », précise Nienke. La fin d’année reste un moment d’activité intense grâce à la période des fêtes et ses traditionnelles bûches glacées. La période creuse s’établit donc de janvier à mars. La gamme comprend aujourd’hui 30 produits emballés dans des contenants variés. « Nous adaptons nos emballages à la clientèle », avance l’éleveuse. En effet, les restaurateurs privilégient les gros contenants afin de réaliser des boules alors que les ventes à la ferme ou en magasins de producteurs concernent de petits pots voire des pots individuels. « Notre lait est valorisé grâce au label Premium mis en place par la coopérative de Verneuil. Aujourd’hui, nous souhaitons aller plus loin en labelisant notre exploitation HVE 3 », conclut le couple passionné.
■ Contact : www.glacesmarguerice.com