Installation
Seul, mais très entouré
Installé sur une centaine d’hectares en grandes cultures à Poulaines derrière un tiers, Bertrand Morin sait qu’il n’a pas beaucoup de marge de manoeuvre. Aussi il apprécie de s’entourer de conseils pour mener à bien son affaire
Installé sur une centaine d’hectares en grandes cultures à Poulaines derrière un tiers, Bertrand Morin sait qu’il n’a pas beaucoup de marge de manoeuvre. Aussi il apprécie de s’entourer de conseils pour mener à bien son affaire

“ L’installation, ça se prépare très en amont car il y a souvent des aléas auxquels on ne pense pas » ne manque jamais de rappeler Jean-Luc Mançois, responsable du marché de l’Agriculture à la Caisse régionale du Crédit Agricole du Centre Ouest. Ce n’est pas Bertrand Morin qui va contredire son banquier. Lui, son installation à Poulaines était initialement prévue le 1er janvier 2015. Elle s’est finalement concrétisée le 1er janvier 2018 pour des raisons indépendantes de la volonté du cédant.
Le cédant, un précieux allié
Le futur jeune agriculteur aurait pu trouver le temps long s’il n’avait pas bénéficié d’un soutien sans faille de ce dernier. Il faut dire que les deux hommes se connaissent bien. L’un est effectivement le dirigeant du club de foot dans lequel joue l’autre. C’est d’ailleurs par ce biais que l’affaire s’est nouée.
Bien que fils d’agriculteurs d’une ferme située à une dizaine de kilomètres de ce qui est devenue son exploitation, Bertrand Morin n’envisageait pas de s’établir avec ses parents. Pour des raisons d’âges d’abord, ceux-ci ayant encore une longue carrière à parcourir avant de pouvoir prétendre à la retraite, mais aussi d’indépendance. « Je souhaite gérer tout seul, être maître de mes ventes et de mes achats, faire mes preuves », indique le jeune agriculteur.
Et ses preuves, justement, il a pu commencer à les faire sur les 100 ha qu’il a repris sitôt la récolte 2015, le cédant lui laissant le soin de faire les terres à façon. « J’ai pris le statut de salarié sur l’exploitation familiale, et nous avons fait la ferme en entreprise », rapporte Bertrand Morin.
Jouer serré
Une chance, reconnait-il aujourd’hui « Si j’avais démarré directement en 2015, je n’aurais sans doute pas fait la même chose ». Il a ainsi eu le temps de se familiariser avec le parcellaire, le potentiel des sols dont la qualité est très hétérogène ; il a commencé à rectifier certaines carences… « Le cédant m’a laissé gérer les rotations ».
Il introduit du tournesol, du pois et du maïs dans l’assolement, essentiellement pour résoudre des problèmes de désherbage. Il adopte les techniques de travail simplifié, « je ne fais quasi plus de labour. Et je suis en réflexion pour aller plus loin. » Pour optimiser les charges de mécanisation, le parc matériel a été dimensionné pour les deux structures : la sienne et celle de ses parents.
Avec une centaine d’hectares, Bertrand Morin sait que la partie est serrée. « Il faut tout maitriser, ne pas faire d’écarts et tout calculer ». A commencer par le projet financier qu’il a calé, là encore, avec le soutien du cédant. Propriétaire de l’ensemble de l’exploitation, celui-ci a accepté d’en étaler la vente pour rendre viable l’entreprise de son repreneur. Ce dernier a acquis les bâtiments agricoles et le matériel ; une partie du foncier est passé dans les mains d’un GFA que sa famille a constitué pour l’occasion. Le propriétaire en a conservé une partie qu’il lui transmettra plus tard.
L’accompagnement post installation : un confort en plus
Dans son métier, le jeune agriculteur indique aimer tout sauf les papiers. Mais il sait que c’est un mal nécessaire. Déjà, il classe toutes ses factures et effectue la saisie. « La compta, c’est dur, mais je vais faire des formations. C’est important de connaitre ses chiffres pour prendre ses décisions ». Il suit sa trésorerie de près et sait qu’il peut compter sur sa conseillère bancaire. Avec les outils à disposition, la communication est grandement facilitée avec elle : quelques SMS suffisent à caler un rendez-vous si nécessaire.
Par ailleurs, comme il l’a appris lors du stage à l’installation, il calcule ses coûts de production pour chaque culture. C’est une aide pour décider de vendre. « J’en livre une partie à la moisson, ensuite je saucissonne mes ventes pour sécuriser », explique-t-il.
Pour se rassurer aussi, il a choisi d’opter pour le suivi proposé par la chambre d’agriculture dans le cadre de l’accompagnement de l’installation. Durant 4 années, il bénéficie d’un entretien d’une demi-journée par an, avec le conseiller entreprise de son secteur. « C’est un regard extérieur. Cela apporte autre chose qu’un échange avec ses parents. C’est rassurant. Je le conseille vivement à tous les jeunes ». Et puis, il bénéficie toujours de la bienveillance du cédant qui lui faire part de son expérience quand il entreprend un chantier. « Tout se passe bien » glisse le jeune agriculteur. En agriculture comme au foot, si la confiance accordée n’est pas gage de réussite à 100 %, elle y contribue grandement !