PASSION
Trompe de chasse, entre tradition et modernité
Bercé au son des trompes de chasse, Flavien Bérenger a poursuivi la tradition familiale en devenant sonneur au sein du Cercle Saint-Hubert Bas-Berry. Depuis quatre décennies, il sonne par passion et par défi. Rencontre.
Bercé au son des trompes de chasse, Flavien Bérenger a poursuivi la tradition familiale en devenant sonneur au sein du Cercle Saint-Hubert Bas-Berry. Depuis quatre décennies, il sonne par passion et par défi. Rencontre.


Avant toute chose, il est de bon ton de ne pas confondre trompe et cor de chasse. La trompe de chasse est un instrument à vent, en cuivre ou en laiton, accordé en ré, avec un développé linéaire de 4,545 mètres enroulé à trois tours et demi. Elle était employée pour divertir, ameuter les chiens lors de chasse à courre ou transmettre des messages lors des parties de chasse. Le cor de chasse est également un instrument à vent, mais est accordé en mi-bémol ; il n'est pas utilisé à la chasse mais en musique militaire.
Sonneur de père en fils
« On est sonneur depuis quatre générations. Tout a commencé avec mon arrière-grand-père, musicien, soigné à l’hôpital militaire de Déols lors de la Première Guerre mondiale. Voulant transmettre son art, il crée la société musicale de Déols et, de fil en aiguille, découvre la trompe de chasse et son univers. En découlera la création du « Cercle Saint-Hubert Bas-Berry » , qui n’est autre que le plus ancien groupe de trompes du département », raconte Flavien Bérenger.
Le virus de la trompe de chasse pique les générations suivantes : pour preuve, Jean-Marc Bérenger, le père de Flavien, crée une école de trompe de chasse dans les années 1970. École qui accueille une fois par semaine des apprenants de tout âge. Quant à Flavien Bérenger, il a débuté le maniement de la trompe de chasse à 8 ans, avec son père pour professeur, « pendant qu’avec ma mère j’écoutais la radio et appréciais le hard-rock. En y réfléchissant bien, ces deux univers ne sont pas si éloignés de par la rythmique, le sens de l’improvisation très maîtrisé, et les vibrations qui résonnent chez ceux qui écoutent ces morceaux », analyse-t-il.
Même si l’apprentissage de la trompe de chasse se fait à l’oreille, « connaître le solfège est un atout », précise Flavien Bérenger. Car oui, il existe des partitions de trompe de chasse, « notamment des partitions en composition classique datant du XVIIIe-XIXe siècle où la trompe de chasse avait sa place, voire des partitions uniquement créées pour cet instrument. Il n’y a pas de limite avec la trompe de chasse ! On peut adapter des grands classiques, à l’image de l’ouverture de Guillaume Tell de Rossini. L’Hymne à la joie de Beethoven est jouable note à note avec une trompe de chasse », explique Flavien Bérenger, ajoutant « qu’un sonneur peut faire du jazz, de l’électro, etc. C’est un instrument résolument moderne ».
Se pose alors la question de comment jouer de cet instrument à vent sans piston ? Pour cela, pas besoin d’avoir une endurance cardio hors du commun, mais de savoir contrôler sa colonne d’air. « Toute la technique repose sur la respiration, le travail d’embouchure avec les lèvres. On peut ainsi aller du radouci, c’est-à-dire caresser la note, au fortissimo avec des choses qui dépotent. On jongle entre les deux avec toutes les nuances possibles en jouant sur la respiration », résume-t-il.
À l'honneur au salon de la chasse
Les groupes de trompe de chasse se sont multipliés dans le département, pour la plus grande joie de Flavien Bérenger. Ils sont sollicités pour des manifestations locales, des inaugurations, des cérémonies. « Au début, nous jouions en tenue civile lambda, tandis d’autres groupes jouaient en tenue traditionnelle locale. Puis petit à petit, la fédération internationale des trompes de chasse de France a souhaité que l’on se dirige vers des tenues semblables à celles de veneurs », relate-t-il. Ainsi, le Cercle Saint-Hubert Bas-Berry est reconnaissable par son manteau rouge avec des parements bleu roi et des liserés dorés, sans galons. « Pour les boutons, nous sommes restés simples, d’autres groupes ont opté pour des boutons spécifiques comme en vénerie », précise le musicien. Cette tenue sera repérable de loin dans les travées de la Halle des expos de Châteauroux ce week-end, à l’occasion du Salon de la chasse (les 12 et 13 avril). En effet, les douze sonneurs du Cercle Saint-Hubert Bas-Berry assureront l’animation musicale et tiendront un stand. « Sonner, faire connaître la trompe de chasse et créer une émotion chez les néophytes, c’est ce qui nous plaît le plus », avoue fièrement Flavien Bérenger.