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Vie rurale
Une épicerie ambulante dans la campagne issoldunoise

Laurent Perez a choisi de se reconvertir pour retrouver le contact humain. Avec son camion, il va au-devant d’une clientèle souvent âgée pour lui proposer la bagatelle de 500 références. Le service est apprécié.

Tut, tut, tut. En ce petit matin frisquet de la mi-janvier, le klaxon de l’épicerie des villages réveille la commune de Ségry. Laurent Perez ouvre le hayon de son camion gris stationné sur la place. Et Sylvie, la première cliente, arrive bientôt à vélo. Enseignante au village avant de l’être à Issoudun, la jeune retraitée le dit ouvertement : elle ne vient pas faire ses emplettes ici par nécessité. Non, c’est clairement un choix qui la guide.

Elle l’explique : « Même si ça me coûte parfois, spécialement en hiver, de sortir alors que j’étais encore en pyjama, même si je suis parfaitement mobile, je souhaite soutenir cette initiative. Elle est courageuse. A une époque où il est malheureusement banal de parler de désertification des campagnes, il faut saluer cette action et lui apporter notre soutien. C’est pas tout de rouspéter, il faut se bouger. Bien sûr, je ne compose qu’un petit panier mais je me dis que si d’autres le font aussi, l’activité sera viable. »

Gagné dès le premier mois

D’autant plus facilement que Laurent Perez, aujourd’hui âgé de 52 ans, ne cherche pas l’enrichissement par l’argent. Ça, il aurait pu l’obtenir dans son ancienne profession. Non, ce qu’il veut aujourd’hui, c’est le contact humain. Et sous son bonnet blanc, il le dit sourire aux lèvres : « De ce point de vue-là, c’était gagné dès le premier mois d’activité. » Reste à faire prospérer. C’est en cours. La preuve : après seulement six mois d’activité, le camion est déjà trop petit pour accueillir le demi-millier de références proposé à la clientèle.

« Après trente ans de travail chez Vuitton, j’ai fait le choix de la liberté même si je sais qu’elle peut coûter cher. Le monde de l’entreprise, souvent ennemi du contact humain, ne me convenait plus. Il fallait trouver une solution. En 2016 déjà, j’avais tenté une sortie. Je voulais reprendre une ferme avec un élevage de chèvres pour faire du fromage. Après un an d’étude au lycée agricole de Châteauroux, brevet professionnel en poche, je suis retourné à l’usine. Je venais d’en prendre conscience : âgé de plus de quarante ans, je ne pouvais bénéficier d’aucune aide à l’installation. » Six mois plus tard, le besoin d’entamer une reconversion s’est de nouveau imposé. « J’ai pris un congé d’un an renouvelé. J’ai monté mon projet et je me suis inscrit à la chambre de commerce. J’ai maintenant jusqu’au 6 janvier 2020 pour prendre une décision. Ce sera ou la réintégration ou la démission. Je ne peux pas parier aujourd’hui. Je n’ai pas suffisamment de recul et je n’ai pas non plus d’élément de comparaison. »

Service et qualité

A Delphine maintenant d’arriver en voisine. En congé parental, la jeune maman vient, elle aussi, à l’étal ambulant par conviction. « Il faut faire travailler les gens qui prennent la peine de venir dans les petits villages à la rencontre de personnes ne pouvant souvent plus se déplacer. En plus, les produits sont meilleurs qu’au supermarché. » Laurent Perez le sait bien. On le lui dit souvent. C’est pour ça qu’il travaille avec des producteurs locaux et bio de fruits et légumes, de miel, d’huile, de farine, de lentilles et de fromages de chèvre. Souvent, les prix qu’il affiche sont supérieurs à ceux des grandes surfaces. Mais ce n’est pas toujours le cas et ça se sait. Et puis il y a la qualité et la fraîcheur des produits.

« Je suis seul à toucher les fruits. Ils se conservent longtemps. Parce qu’ils sont frais. Je le dis souvent aux clients : les légumes que je propose à la vente arrachés le dimanche sont vendus avant le mercredi. C’est un peu comme si on les ramenait directement du potager. » Autre particularité avec la charcuterie et la boucherie. L’une et l’autre sont achetées dans deux commerces issoldunois. Laurent Perez veut aider l’artisanat local. Pour le reste, les articles proviennent d’une centrale d’achat.

Dix euros pour le premier panier. Treize pour le second. Deux sucettes offertes pour chaque cliente. Ce sera pour les enfants et petits-enfants. Il fait froid ce matin. Les visites à l’étal ne seront pas nombreuses. Laurent Perez referme le hayon de son camion. Direction Ségry village. Pour y proposer pain, épicerie et autres articles de droguerie. « Tout ce dont on peut avoir besoin », a fait remarquer un jour une cliente. Avec le service en plus. Parce que Laurent Perez n’hésite pas à répondre favorablement aux sollicitations individuelles. « S’il faut livrer à domicile, je le fais. Chez certaines personnes empêchées, il m’arrive même de ranger les articles dans le réfrigérateur et dans les placards. » 

Contact : www.lepiceriedesvillages.eatbu.com, 07.83.66.13.00.

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