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Communication
Une ferme : bien plus qu’un support pédagogique

Accueillir des élèves sur son exploitation, c’est accepter de répondre sans détour aux nombreuses questions qui traversent l’esprit vif et sans tabou des jeunes. C’est un exercice à lequel Micheline Taupin est rompue. Bien qu’aujourd’hui à la retraite, elle continue de recevoir des groupes scolaires dans le cadre de l’opération Fermes ouvertes, sur l’élevage familial caprin de Chezelle.  

Le jeudi 9 mai, le grand vent et la fraîcheur matinale n’ont pas entamé la vivacité des élèves de 6ème de Mme Borel lors de la visite de l’élevage caprin des Taupin, à Chezelle. Cette professeure de sciences et vie de la terre du collège de Buzançais est une habituée de l’opération Fermes ouvertes. Elle fait partie de son programme annuel. Et quand on voit comment elle a préparé la visite, on comprend qu’elle entend bien l’exploiter au maximum une fois retournée dans sa classe.  C’est muni de feuilles et de crayons que les élèves sont sommés de suivre la visite. Il faut dire que sur une ferme, il y a de quoi appréhender de nombreuses disciplines. Sciences naturelles bien sûr, mais aussi français, mathématiques, physique, chimie… l’enseignante et l’éleveuse qui se connaissent désormais bien, rebondissent sur tous les questionnements des élèves pour les raccrocher à un savoir. « Qu’est-ce qu’elle mange la chèvre ? C’est quoi la différence entre de la paille et du foin ? Combien il faut de foin pour nourrir chaque jour une chèvre ? » Non sans malice, l’éleveuse leur formule des réponses à tiroirs. « L’été quand le troupeau pâture, une botte de foin de 280 kg sert à nourrir 40 chèvres pendant 3 jours. Je vous laisse faire le compte…» Hésitations dans l’assemblée. Les participants sont bien munis de stylos, mais pas de calculettes ! Michelle Taupin les met sur la bonne voie : « 280 divisé par 3 cela fait ? » Les langues se délient alors un peu. « Bon en gros, retenez qu’il leur faut 7 kg tous les 3 jours » résume-t-elle. 
« Et pour produire combien de lait ? » Là encore, on use d’arrondis pour solliciter les méninges. « 900 litres en moyenne à l’année. Sachant que la lactation dure environ 300 jours. Si on considère que les chèvres les plus lourdes pèsent 50 à 60 kg, elles produisent 15 à 20 fois leurs poids de lait par an », commente l’éleveuse. Des chiffres à donner le tournis à ce public non averti. Leur professeur les ramène à une dimension qui lui est plus familière. « Vous voyez votre litre de lait sur la table de votre petit déjeuner. Imaginez-vous en 900 de la sorte et vous aurez la quantité que la chèvre produit à l’année », illustre-t-elle.

Leçons pratiques

« Le lait, il va où une fois traité ? » « On ne dit pas traité, mais trait », rectifie Mme Borel avant que Micheline Taupin leur décrive le cheminement du pis au tank, soulignant au passage le besoin de refroidissement du lait. Une belle occasion de toucher du doigt des notions de vie microbienne. « A votre avis pourquoi le lait est-il conservé au froid ? » interroge leur professeur. La réponse n’a pas été automatique. En partant du lait UHT, le groupe est finalement parvenu à régler cette énigme : « pour bloquer la vie des bactéries contenues dans le lait ». Puisqu’il n’est réglementairement pas possible de faire visiter l’atelier de transformation, c’est à l’aide d’un petit film que les élèves appréhendent les différentes étapes de la fabrication du fromage. Une partie de visite un peu moins concrète pour les enfants, mais qui suscite tout de même une question de la part de l’un d’eux. « Est-ce qu’on peut goûter à vos fromages ? » « Les fromages de Mme Taupin était au menu de la cantine mardi midi, s’étonne Mme Borel. Tu n’en as pas mangé ? » « Non, avoue le jeune homme tout penaud. Je trouvais que ça sentait fort. Mais maintenant j’ai envie d’en goûter ». Un revirement qui en dit long sur l’intérêt d’ouvrir les portes de sa ferme à des élèves qui, aux dires de beaucoup d’entre eux, n’ont jamais l’occasion d’y mettre les pieds. C’est ce qui motive Micheline Taupin à poursuivre ce type d’accueil, même si elle est, aujourd’hui, à la retraite.  ■
 

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