Attendre le verdict du gel sur les vignes
Avec des températures oscillant entre - 3,7 et - 6,5 °C dans la nuit de dimanche à lundi, les viticulteurs ont dû mettre en œuvre tous les moyens de lutte pour protéger leurs vignes. Le stade peu avancé de ces dernières pourraient avoir sauvé la mise.
Avec des températures oscillant entre - 3,7 et - 6,5 °C dans la nuit de dimanche à lundi, les viticulteurs ont dû mettre en œuvre tous les moyens de lutte pour protéger leurs vignes. Le stade peu avancé de ces dernières pourraient avoir sauvé la mise.
Comme un air de déjà vu en ce début de mois d'avril. Le gel des nuits de samedi et dimanche ont tenu éveillés les viticulteurs du département, craignant de revivre les terribles gelées des 6, 7 et 8 avril 2021.
En 2021, les vignes étaient plus développées, d'où l'importance de dégâts. Cette année, les bourgeons sont moins avancés, avec les feuilles encore dans les cotons, ce qui les a semble-t-il protéger des basses températures. Le mercure est vite descendu jusqu'à - 5/-6 °C sur l'aire d'appellation de valençay, lors de cette fameuse nuit de dimanche à lundi où les bougies, tours antigel et autres moyens de lutte ont été activés.
« En sauvignon, les vignes ne sont pas encore débourrées, le gel n'aura que peu d'impact. En chardonnay, selon la précocité et le terroir, on peut s'attendre à un peu de dégâts. Il en est de même avec les gamay » estiment Francis Jourdain, à Lye, et Damien Boissier, du Domaine Patagon, à Faverolles-en-Berry, en début de semaine.
Même ressenti pour Jean-François Roy, viticulteur à Lye, qui s'étonne d'avoir « vu déjà quelques bourgeons noirs sur certaines vignes. Il est rare que la nature réagisse aussi vite. Les premiers coups de froid avant ces dernières gelées avaient déjà dû impacter les bourgeons les plus avancés ». « En effet, il est difficile d'y voir clair aujourd'hui. Il faut attendre quelques jours pour avoir une estimation précise des dégâts » complète Benoit Lagarde, du vignoble Gibault, à Meusnes. Sur Reuilly, les températures sont descendues jusqu'à - 6.2°C. Là aussi, les tours antigel ont permis de limiter la casse. « Le vignoble de reuilly est le plus précoce. Les bourgeons étant plus en avance que sur d'autres vignobles il est à craindre des dégâts » précise Virginie Bigonneau, présidente du syndicat viticole de reuilly. Toutefois, elle pense « qu'il n'y a rien d'alarmant ».
Chacun reste prudent sur les éventuels effets de ces nuits de gel, seul le temps permettra d'en apprécier les réelles conséquences. Les viticulteurs espèrent des conditions printanières favorables pour une bonne reprise de la vigne… comme on dit wait and see* !
Un record de froid dû à un décrochage polaire
La nuit de dimanche 3 avril à lundi 4 avril a battu tous les records de froid sur l'ensemble du pays et notamment dans l'Indre. Cette vague de froid, ressentie ces derniers jours, est dû à ce que l'on appelle dans le jargon « un décrochage polaire », c'est-à-dire une poche d'air froid et humide venant directement des latitudes polaires du nord de la Scandinavie et du nord-ouest de la Russie. Cette masse d'air très froid pour la saison a provoqué des précipitations neigeuses autour du 1er avril, et des ces gelées de début de semaine.
Avec un mercure descendant à - 5.6 °C à Châteauroux cette nuit-là, le record de froid de - 4.2°C du 7 avril 1929 se voit balayé. Ceux du 4 avril 1996 ont également été battus avec un - 7.5° C affiché sur le thermomètre à Chaillac (contre - 6° C) et un - 5.1 à Eguzon (contre - 3.7° C), ce 4 avril 2022.
« Ce décrochage polaire est arrivé après deux mois relativement doux et avec une végétation en avance. Un épisode de gelée de cette intensité peut être catastrophique. Nous avons peur qu'avec le réchauffement climatique, les hivers de plus en plus doux, ce risque de gelées soit plus fréquent. Des épisodes similaires peuvent revenir durant le mois d'avril » expliquait Oliver Renard, président de l'association Météo Centre, au micro de nos confrères de France3 Centre-Val de Loire, en début de semaine.