Bienvenue en gare de Cluis !
Construite en 1903, la gare cluisienne a vu passé son dernier train en 1954. Devenue résidence privée, elle est malgré tout restée dans son jus. Depuis 2019, son nouveau propriétaire, Jean-Gabriel Ampeau, un ferrovipathe, a entrepris de lui donner une seconde jeunesse, tout en conservant son charme d’antan. Rencontre.

L’histoire entre la gare de Cluis et Jean-Gabriel Ampeau a débuté depuis des décennies. « Mes grands-parents sont Cluisiens, je venais passer mes vacances chez eux lorsque j’étais enfant. A cette époque, la gare se cachait derrière un écrin de végétation, avec les animaux de basse-cour des propriétaires de l’époque. C’était un monde mystérieux ; personne n’osait trop s’en approcher. Ce sont mes premiers souvenirs avec la gare et jamais je n’aurais cru acquérir cette bâtisse et en faire ma maison ! » avoue-t-il.
DEVENIR PROPRIÉTAIRE D’UNE GARE, UN HASARD
En effet, entre des souvenirs d’enfance et la rénovation entamée par ses soins, il en est passé des trains sur les voies ferrées de France. D’ailleurs, du ferroviaire, il en a fait son métier, et participe à la remise en état d’une locomotive à vapeur immatriculée 141R840, mais c’est une autre histoire. « Je faisais ma vie à Orléans, quand en 2013, j’ai eu envie de retrouver mes racines cluisiennes. Je me suis mis en quête de trouver un pied-à-terre ici. Un pavillon classique ! » retrace Jean-Gabriel Ampeau. « Lors de ces recherches, j’ai trouvé une annonce sur LeBoncoin, stipulant que la gare était en vente. Je me suis dit “ et pourquoi pas ? ” ». C’est ainsi que le 10 décembre 2013, le voilà nouveau propriétaire des lieux. « Le rez-de-chaussée était resté dans son jus, avec le hall principal, les guichets, la salle d’attente des premières classes, la peinture. Les affiches d’époque étaient toujours là. Les anciens propriétaires vivaient uniquement à l’étage qui faisait office d’appartements du chef de gare », découvre-t-il les yeux émerveillés.
DES RÉNOVATIONS MINUTIEUSES
Depuis 2019, la gare renaît grâce à l’engouement du propriétaire et le savoir-faire des artisans locaux. Les huisseries d’origine fortement dégradées par les intempéries ont été refaites à l’identique dans un matériau plus résistant, par les établissements Moreau (Cluis). Les peintres Loïc et Patrick Roussillat ont œuvré pendant six mois, « pour retrouver les peintures du rez-de-chaussée, un ton en-dessous des couleurs d’origine. Le vert très foncé, très profond est beaucoup moins soutenu, il en est de même pour les rouges-roses. Outre cette petite adaptation chromatique, tous les décrochés, les liserés, les contours, et autres détails ont été conservés. Il en est de même à l’étage », précise-t-il. En parallèle, les menuiseries intérieures ont été restaurées par EBRB de Neuvy-Saint-Sépulchre, la maçonnerie et le carrelage par Berry Concept d’Argenton-sur-Creuse. « Il était important pour moi de travailler avec les artisans locaux, de leur proposer un chantier qui sort de l’ordinaire. Je suis fier de leur travail et de l’émulation que cela a créé. Tous se sont pris au jeu, on fait des recherches pour être le plus raccord avec l’existant », poursuit Jean-Gabriel Ampeau, qui passionné dans l’âme, a pu retrouver les plans originaux du bâtiment dans son ensemble et par étage, mais également ceux des voies. Dans son agencement intérieur, la gare n’a pas connu de révolution. Une cuisine moderne a pris place dans ce qui était jadis la salle d’attente de la première classe, le hall principal est devenu salon. A l’étage, la cuisine d’époque est convertie en salle de bain, le coin nuit avec ses chambres en enfilade est resté tel quel. « Quant à la chambre du chef de gare intérimaire au grenier, elle est toujours dans son jus, et le restera, ce n’est pas un chantier urgent », souffle le nouveau propriétaire.
FONDATION DU PATRIMOINE
Afin d’assurer la pérennité de son projet, Jean-Gabriel Ampeau a monté un dossier auprès de la Fondation du patrimoine pour la conservation du petit patrimoine rural. A ce titre, tous les extérieurs de la gare et sa façade doivent être remis en l’état à l’identique et le propriétaire bénéficie d’une subvention à hauteur de 10 % du chantier. Les extérieurs seront le prochain gros chantier avec le redressement des trottoirs et la réfection de leur revêtement. En parallèle, Jean-Gabriel souhaite transformer une ancienne barrière de la gare d’Ardentes, en portail roulant sur rails « de chemin de fer », pointe-t-il. Enfin, un vrai wagon de 1946 vient de prendre place sur l’ancienne voie ferrée. « Ce wagon était chez un particulier, il est en très bon état, son déplacement a nécessité tout le savoir-faire du transporteur afin que le wagon ne se replie pas sur lui-même. Ici, il fera office d’atelier, avec un point d’eau et l’électricité », explique-t-il enthousiaste.