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La dictature des fantasmes

Tribune de Fabrice Bazin, président du Syndicat intercommunal d'exploitations agricole d'Argenton et membre du bureau de la FDSEA 36.

L es agriculteurs sont disposés à échanger avec les maires, avec leurs concitoyens pour faire avancer les débats sur des questions de société, des questions primordiales qui nous touchent tous, comme la santé, la biodiversité, la ressource en eau ou la qualité de l'air.  C'est donc avec beaucoup de regret, que j'apprends que le maire d'Argenton-sur-Creuse prend un arrêté pour interdire l'utilisation de produits phytosanitaires à moins de 150 mètres d'une habitation. Je ne peux accepter cette démarche sans aucune concertation. Nous sommes face à un maire qui outrepasse ses droits. A quel titre, un maire peut-il se substituer à un ministre ?

Argenton se trouve en zone d'élevage, beaucoup de parcelles sont donc en prairie. Mais nous avons besoin de cultiver des céréales pour la paille et le grain pour nos animaux. Particulièrement avec la succession des sécheresses, nous devons renouveler nos prairies et donc les faire bouger dans notre assolement.

En interdisant les traitements, nous nous exposons à la prolifération de plantes invasives, parfois allergisantes. Monsieur le maire s'en rendra vite compte, ses administrés sauront peut-être s'en plaindre. Au vu des friches industrielles ou des parcelles destinées pour construire des lotissements, dont l'entretien pose question, cela risque d'arriver plus vite que prévu.

En voulant interdire les produits phytosanitaires, on fait croire au citoyen français que la production agricole nationale peut être entièrement bio. Pensez-vous que tous les ménages sont prêts aujourd'hui à manger 100 % bio et français, qui en aurait vraiment les moyens ? Qui a fait aujourd'hui la démonstration que nous pourrions maitriser nos productions végétales à grande échelle sans aucun produit de synthèse ? Qui a fait cette démonstration en intégrant les coûts de production et la pénurie de main d'œuvre ? Personne. La question de l'utilisation des produits phytosanitaires nécessite davantage de réflexion, d'objectivité et d'honnêteté intellectuelle.

Nous utilisons du matériel équipé de buses antidérive pour éviter la propagation de nos traitements. Le programme Ecophyto nous conduit à réduire et améliorer l'utilisation des phytos. Je suis d'accord pour que nous, les professionnels, la recherche, les industriels, les consommateurs, les citoyens et les élus, nous unissions nos intelligences, nos expériences, nos connaissances du terrain pour imaginer et tester de nouvelles solutions qui répondent aux attentes citoyennes tout en garantissant notre revenu. C'est le principe du « contrat de solutions » imaginé par notre syndicat et porté avec ses partenaires. Mais je m'opposerai toujours fermement aux injonctions d'élus qui dressent leur population contre des paysans qui ont choisi de pratiquer une agriculture conventionnelle et raisonnée.

La profession agricole propose des solutions, des compromis, des avancées mais ce n'est jamais assez. Nous travaillons avec du vivant, avec le climat, nous prenons des risques pour nourrir des millions de consommateurs. Nous devrions avoir le soutien et l'admiration de tous les élus, sans exception. Au lieu de cela, certains élus cultivent l'exclusion, la stigmatisation en faisant rêver leurs électeurs. Ils promettent la lune, font la promotion de fantasmes et cultivent la peur.  Imaginez-vous demain un maire prenant un arrêté interdisant l'épandage de boues de station d'épuration sur sa commune au prétexte qu'elles contiennent des métaux lourds ? Là encore, le prétexte est fondé, mais la mesure inappropriée.

La FDSEA et les JA ont d'ores et déjà pris rendez-vous avec le maire d'Argenton pour échanger sur ces cas concrets et trouver des solutions répondant aux attentes et besoins de chacun.

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