Prairies
La diversité des espèces, un gage de qualité
Rendements et qualité, deux raisons d’opter pour des prairies multi espèces. Reste à arrêter la composition du mélange en fonction de ses contraintes et besoins et à soigner l’implantation.
Rendements et qualité, deux raisons d’opter pour des prairies multi espèces. Reste à arrêter la composition du mélange en fonction de ses contraintes et besoins et à soigner l’implantation.

Mélanger plusieurs espèces est un facteur de sécurité pour assurer ses stocks fourragers. C’est aussi un moyen de couvrir ses apports énergétiques en production caprine.
Le premier dilemme à résoudre pour l’éleveur est celui du choix des espèces les plus adaptables aux particularités de son exploitation. La composition de son mélange est fonction du contexte pédoclimatique de ses parcelles. Il faut également tenir compte des comportements des végétaux choisis et des conduites de ses prairies.
Des concurrences à gérer
Comme pour le méteil, la prairie multi espèces est un mélange de légumineuses et de graminées. La gestion de la concurrence est donc essentielle. Plusieurs études, réalisées depuis 2012 notamment par le réseau Redcap*, démontrent qu’un mélange complexe altère la pousse de certaines plantes.
Un suivi de 4 années d’une prairie sur laquelle 9 espèces ont été semées (2 variétés de ray grass, 2 variétés de fétuque, de la fléole, de la luzerne, du lotier et 2 variétés de trèfle) a établi une disparition d’espèces comme la luzerne, le lotier ou la fléole au profit du trèfle violet, du ray grass italien et de la fétuque. Les rendements après la deuxième coupe ont diminué dès la troisième année avec un intérêt fourrager limité du fait de l’absence d’espèces comme la luzerne. Outre les effets de la compétition, la nature du sol (sol frais ou séchant) influe sur la productivité.
D’autres essais, qui intégraient ce paramètre, ont été lancés en 2015. Les proportions de semis ont été adaptées en augmentant les densités de luzerne (12 % du mélange) ou de fléole (6 % du mélange). Les observations après deux années d’exploitation ont confirmé une augmentation significative du rendement en herbe, passant de 1,7 kg de MS/ha le premier été, à 3 kg de MS/ha en troisième année pour les sols séchants.
En prairies plus humides, la répartition entre légumineuses et graminées permet d’obtenir une valeur alimentaire intéressante dans les apports en énergie et en protéines.
Bien préparer son itinéraire technique
La préparation de la parcelle ainsi que la période de semis sont cruciales. Un sol propre par labour ou faux semis est un paramètre important pour un bon rendement de la prairie de manière à limiter le développement d’adventices sans valeur fourragère ou peu digestibles.
De même, les précédents ont un impact non négligeable. Une implantation après un colza ou une céréale sera privilégiée. A l’inverse, un précédent prairie sera à éviter.
L’éleveur doit également se soucier des données climatiques pour déterminer la date de ses semis. La sensibilité de certaines espèces au froid ou à l’humidité n’est pas à négliger. Un semis trop tardif ou trop avancé dans le temps peut avoir des répercussions sur les récoltes en fourrage.
Les prairies multi espèces nécessitent une implantation soignée. L’itinéraire technique recommandé : semis en surface (1 cm de profondeur) fin et émietté (inférieur à 0,5 cm) pour favoriser les levées. Le passage du rouleau pour la préparation du sol et après le semis favorise le contact sol-graine. Celui-ci pourra être réalisé en deux temps. Cela permettra d’augmenter la surface de couverture et de réduire le salissement, en ligne pour les graminées puis à la volée pour les légumineuses.
Les premières coupes doivent être faites le plus tôt possible. Plus le stade de la prairie est avancé, plus on perd en valeurs MAT (Matières Azotées Totales) et UFL (Unité Fourragère Lait). Par exemple, la fauche d’un RGI est optimale entre le début de l’épiaison et l’apparition de l’épi définitivement formé.
Les éleveurs peuvent se faire accompagner par un conseiller du service élevage de la chambre d’agriculture pour arrêter la composition de leurs mélanges.
* Le REDCap est un réseau d’éleveurs et techniciens mis en place en 2011 pour conduire des actions de recherche et développement sur l’alimentation à l’herbe des chèvres et l’autonomie alimentaire, en région Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire, en lien avec la plateforme expérimentale Patuchev de l’INRA.