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La grêle malmène aussi les éleveurs

Quelques jours après la troisième tempête de grêle, la FDSEA 36 et les JA36 ont invité les exploitants sinistrés au lieu-dit Les Vaux, chez Clément Carré, un jeune agriculteur fortement impacté. Ainsi, le 24 juin, ils étaient près de 90 à faire l’inventaire des dégâts subis et à demander la mobilisation des pouvoirs publics. 

Près de 90 agriculteurs ont répondu présent à l’appel de la FDSEA et des JA, lors de la réunion grêle du 24 juin, à Argenton-sur-Creuse

La FDSEA et les Jeunes Agriculteurs continuent d’apporter leur soutien aux agriculteurs sinistrés. Le 24 juin, à Argenton-sur-Creuse, une réunion d’urgence était organisée chez Clément Carré, avec pour objectif de : « recenser les dégâts, les problématiques du terrain, les interrogations de chacun, d’obtenir le plus d’informations et de photos pour les transmettre à la DDT, afin de déclencher une seconde cellule de crise », explique Valérie Pion, secrétaire générale de la FDSEA. 

RECENSER LES DÉGÂTS ET MOBILISER LES POUVOIRS PUBLICS

En ouverture de réunion, Fabrice Bazin, représentant local de la FDSEA 36, a ainsi résumé les questions qui taraudent ses confrères : « Comment faire avec des toits passoires ? Quels délais entre le passage de l’expertise, la prise en charge par l’assurance, les devis et l’intervention des professionnels, sans parler du désamiantage pour les exploitants ayant des bâtiments anciens ? Comment pallier la perte de fourrage stocké, mais aussi celui encore sur pied qui noircit à vue d’œil ? Nous sommes au pied du mur ! ». Pour sa part, ce sont les 7 000 m2 de couverture de ses bâtiments d’élevage qui sont perforés de part en part, dont de nombreux panneaux photovoltaïques. Pour lui, il est hors de question de rentrer un animal dans un bâtiment si endommagé, et se pose la question de l’hivernage de son troupeau si les réparations ne sont pas effectives. En effet, l’épisode de grêle du 19 juin n’a rien épargné, ni les bâtiments d’élevage, ni les cultures, majoritairement autoconsommées. Et pour ne pas faciliter les choses, la paille se fait rare. « Nous avons besoin de solutions ! », lance l’un des 90 agriculteurs présents ce jour-là, à destination de Nicolas Forissier, député de la circonscription touchée et des représentants des assurances, dont Groupama. « Aujourd’hui, nous avons besoin de fonds pour alimenter notre trésorerie blessée depuis des années, c’est le coup de trop ! », enchérit un second éleveur.  

Sensible aux discours portés par les exploitants sinistrés, Nicolas Forissier en appelle à la solidarité, aux échanges et insiste sur la nécessité d’établir un bilan des dégâts précis par exploitation, « tant pour vos assurances et prises en charge, que pour pouvoir porter vos craintes et demandes auprès du gouvernement (lire ci-dessous). Pour les problèmes de trésoreries, les pouvoirs publics doivent prendre cela en compte rapidement et de manière pragmatique, car vous ne pouvez plus attendre ».  

Les assureurs, quant à eux, étaient fortement sollicités par des exploitants en quête de réponses. « Les experts font leur maximum, mais tout le monde est submergé, les évaluations des précédents épisodes de grêles ne sont pas encore finies. Nous sommes tous dans le même bateau », temporise Xavier Besse, président de la fédération de l’Indre de Groupama, précisant que les dégâts de grêle sur le secteur Centre Atlantique avoisineraient les 15 millions d’euros, « et le département de l’Indre est le second département le plus sinistré ». Il préconise de ne pas attendre le passage des experts pour demander des devis. De même, pour les récoltes, pas besoin d’attendre pour moissonner les parcelles grêlées. « Il suffit de laisser des carrés témoins de 5x5 m ou 10x10 m, ainsi que ne pas déchaumer pour que les experts puissent constater les pertes », poursuit Xavier Besse. 

DES IMPACTS À MULTIPLES NIVEAUX

L’effet grêle n’aura pas eu le même impact en Boischaut Sud qu’en Boischaut Nord ou sur les alentours de Châteauroux. Certains éleveurs ont tenu à rappeler qu’en « grandes cultures, la grêle a balayé la culture d’une année. En élevage, les conséquences seront visibles encore dans deux ou trois ans ». En effet, le stress causé par l’épisode de grêle va occasionner des problèmes de fécondité ou de prises des luttes en ovins ; en caprin, la qualité du lait va en pâtir avec la hausse des taux cellulaires ; les animaux sont moins dociles du fait que « certains bâtiments se trouvent surcharger pour éviter de laisser des lots sous les stabulations ou tunnels endommagés », témoigne un autre éleveur du secteur.

Face aux dégâts et à l’urgence de la prise en charge, il y a aussi l’aspect humain et psychologique à prendre en compte. C’est pourquoi la MSA locale souligne qu’il est possible de contacter les assistantes sociales pour un accompagnement personnel et familial au cas par cas. « Nous, les agriculteurs, sommes généralement des taiseux, et quand plus rien ne va, nous ne le disons pas non plus. Il va falloir être attentifs aux voisins, se soutenir, pour ne pas arriver au pire », insiste Florian Chateigner, coprésident de JA 36. Il en appelle également à la solidarité agricole, tant pour aider à bâcher qu’à vider un bâtiment sinistré, etc. Toujours dans cet esprit d’élan solidaire, le coprésident de JA souhaite mettre en place une opération paille. « Pour cela, chiffrez au plus vite vos besoins en paille, pour que l’on essaie de trouver le volume nécessaire auprès des céréaliers du département, des pailleux, etc. Si nous arrivons à monter cette opération, il faudra être très réactif sur le pressage et retrait des bottes pour ne pas pénaliser les céréaliers volontaires ». Lors de cette réunion grêle, les maîtres-mots étaient incontestablement : recensement et solidarité.


Nicolas Forissier sollicite le ministre de l’Intérieur

Le 23 juin, au lendemain de la réunion grêle chez Clément Carré, Nicolas Forissier, député de la seconde circonscription de l’Indre, a écrit une lettre à Gérard Darmanin, ministre de l’Intérieur.  Missive dans laquelle le député fait le bilan des épisodes de grêles qui ont touché le département les 22 mai, 4 juin et 19 juin. Il égrène les dégâts constatés tant chez les particuliers, les entreprises locales, comme Ibazur et Indraero au Pêchereau que chez les agriculteurs. D’ailleurs, il lui rappelle « combien cette période est difficile pour nombre d’agriculteurs qui ont eux aussi subi de lourdes pertes dans leurs exploitations, notamment autour d’Argenton-sur-Creuse ou dans certains secteurs de Champagne berrichonne. La taille des grêlons, exceptionnelle et l’accumulation en peu de temps de différents événements climatiques violents ont réellement conduit à une situation de catastrophe naturelle dans l’Indre.  Il y a donc urgence Monsieur le ministre, et c’est à ce titre que je vous demande une fois encore de bien vouloir envisager très sérieusement la publication d’un arrêté interministériel reconnaissant l’état de catastrophe naturelle pour tout le département ».


Il le dit

Xavier Besse,  président Groupama Indre : « Lors des trois épisodes de grêle, nous n’avons fort heureusement pas de dégâts corporels à déplorer. Cela doit rester ainsi ! Je fais appel à la vigilance de chacun. Pas de précipitation pour bâcher les toitures trouées. Ne faites pas cela seul, un accident est vite arrivé. Attendez l’intervention d’un professionnel. »

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