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PATRIMOINE
Le Grand Noir du Berry, un emblème du terroir

Traditionnellement fidèle partenaire des paysans berrichons, l'âne Grand Noir du Berry a été délaissé au profit de la mécanisation. Mais depuis la fin des années 1980, éleveurs et passionnés œuvrent pour préserver cette race emblématique.

Au XIXe siècle, lorsque les paysans du Boischaut accèdent à la propriété, l'âne devient un allié indispensable des petites exploitations bocagères. Le travail aux champs et la traction des péniches sur le canal de Berry ont orienté la sélection vers des animaux grands et robustes.

Cependant, le développement du machinisme et sa réputation de « cheval du pauvre » ont eu raison de sa présence en ferme. Avec moins de 1 000 individus recensés, cette race est désormais menacée.

À la fin des années 1980, les Thiaulins de Lignières, groupe d'art et de traditions paysannes en Berry, initient un recensement des derniers spécimens. En 1991, un groupe d'éleveurs rédige le standard de la race : un âne de grande taille - entre 1,30 m et 1,45 m - à la robe foncée et au ventre clair.

Deux ans plus tard, l’AFAGNB (Association française de l’âne grand noir du Berry) voit le jour, et la race est reconnue officiellement en 1994 par les Haras nationaux.

Aujourd'hui présidée par Anne-Marie Flouquet, l’AFAGNB poursuit ses missions de gestion et de contrôle de l'élevage ainsi que de promotion de la race. Comptant plus de soixante-dix membres répartis dans toute la France, l’association veille à placer les animaux dans des conditions d'élevage favorables. « Nous souhaitons encadrer la vente des ânes et favoriser les éleveurs souhaitant contribuer à la reproduction de la race et éviter de les retrouver comme simple tondeuse à gazon au fond des jardins », souligne Anne-Marie Flouquet.

 

Des projets ambitieux pour l'avenir

Pour relancer la population, l'association prévoit de développer un programme d'élevage visant à atteindre 35 naissances par an, contre 20 à 25 actuellement. Elle souhaiterait proposer une aide pour accompagner les éleveurs, depuis la sélection des futurs reproducteurs à l'âge d'un an jusqu'à leur agrément ou confirmation à l'âge de trois ans. En contrepartie, l'éleveur s'engagerait à faire naître au moins deux produits de l'animal sélectionné dans les cinq ans qui suivent.

Par ailleurs, l'association collabore avec l'INRAE de Nouzilly sur le projet Safran, dédié à la préservation de la fertilité des ânes. Un troupeau d’environ 12 ânesses et 5 ânes a rejoint l’INRAE, prêté par des éleveurs sensibilisés au problème de cette race à faible effectif. Ce troupeau est utilisé pour des expérimentations d'insémination artificielle et de conservation de semence, des pratiques très rares en asinerie. Ces travaux pourraient aboutir à la création d'une banque de semences, précieuse pour préserver ce patrimoine génétique unique.

 

Des rendez-vous incontournables

L’AFAGNB valorise la race à travers de nombreuses manifestations agricoles. Chaque année, à la Pentecôte, se tient le championnat régional sur le Champ de Foire à Lignières, berceau de la race. Le championnat national, organisé fin d'été au Pôle de Cheval et de l’Âne est le point d’orgue de l’année, lorsque les animaux présentent leurs plus belles robes aux poils courts et brillants.

L'association participe également à des foires locales et espère, si les financements le permettent, être présente au Salon International de l’Agriculture à Paris et au Sommet de l’Élevage à Cournon, deux vitrines d’envergure.

 

Un avenir prometteur

Grâce à sa robustesse et sa docilité, le Grand Noir du Berry retrouve une place dans l’agriculture moderne. Très prisé pour les loisirs comme la randonnée et l’attelage, il intéresse également maraîchers et viticulteurs. « La demande des maraîchers est forte, mais l’offre reste limitée faute de naissances suffisantes », regrette Anne-Marie Flouquet.

Portée par l’engagement des éleveurs et les projets de l’association, la race écrit une nouvelle page de son histoire. Anne-Marie Flouquet se dit optimiste : « l’arrivée de jeunes éleveurs passionnés et les initiatives en cours montrent que le Grand Noir du Berry a encore un rôle essentiel à jouer. » Avec son caractère calme et sa force, sa proximité avec l’homme et sa polyvalence, cet âne d’exception a tout pour séduire les générations futures. 

 

 

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