Le lavoir, avant la machine à laver
Sait-on que la machine à laver se démocratisa à grande vitesse ? En 1950, encore chère, elle est très peu utilisée ; mais en 1967, elle trône déjà dans un foyer sur deux et, en 1977, dans deux sur trois. Puis triomphe véritablement lorsque, deux ans plus tard, la Mère Denis la célèbre, faisant un tabac auprès de la ménagère et, au passage, les affaires d’une célèbre marque.
D ’abord garde-barrière dans une gare du bocage bas normand, puis sans doute fatiguée de regarder passer, à côté des vaches, deux ou trois tortillards quotidiens, toujours les mêmes, elle finit par troquer son devoir ferroviaire contre le métier de lavandière, pourtant en perdition. C’est alors qu’on l’entendit déclamer à la radio, qu’on la vit à la télévision : à 80 ans passés, au lavoir, elle disait son plaisir à « batouiller » des draps blancs comme neige puis, comme une fleur, à les remonter dans une brouette en bois. A la suite de quoi, elle se mettait à vanter les mérites d’une certaine machine à laver, clamait à qui voulait l’entendre « c’est ben vrai, çà », serinant son message tant et tant que la fameuse marque vendit ses machines à la pelle. L’innovation était là et la corvée du lavoir bel et bien terminée.