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Le pigeon voyageur, un messager très sportif

Le pigeon est probablement l'oiseau le plus connu. Pigeons de chair, d'ornement ou encore pigeons voyageurs, l'intérêt que l'Homme lui a porté, a évolué au fil des siècles. D'abord utilisé pour sa capacité de messager, le pigeon voyageur est désormais soigné comme un véritable athlète.

Les sportifs de Dominique Villain sont prêts pour la saison 2022 qui commencera dès le mois d'avril

Dans une cabane en bois, au fond d'un jardin de Saint-Michel-en-Brenne, 110 pigeons voyageurs cohabitent. Ils font la fierté de Dominique Villain, garde-chasse en domaine privé et président de la société des colombophiles des Ailes Bleues. Passionné d'animaux depuis toujours, il est tombé amoureux des pigeons voyageurs en 1998.

Depuis, il prend plaisir à voir ses oiseaux s'envoler et concourir dans des épreuves de vitesse. Ces courses, d'une distance parfois supérieure à plusieurs centaines de kilomètres, ne sont pas sans rappeler la fonction originelle de cette race de pigeon très intelligent : la transmission de messages.

UN PEU D'HISTOIRE…

L'origine de la relation entre le pigeon voyageur et l'Homme remonte bien avant JC. Les navigateurs de l'Egypte antique l'utilisaient comme messager pour annoncer leur arrivée au port plusieurs jours à l'avance. Les Grecs firent la même chose plus tard pour communiquer les résultats des Jeux Olympiques. Les victoires militaires ont été également annoncées par ce procédé pendant plusieurs siècles.

Le pigeon voyageur était un animal exhibant la richesse des propriétaires. Jusqu'à l'abolition des privilèges du 4 août 1789, seuls les nobles et le clergé avaient le droit de posséder des colombiers. Sa fonction de messager était une arme de taille au cours des conflits. Lors des deux guerres mondiales, les Allemands ont interdit la possession de ces pigeons dans les territoires occupés. Leur utilité a par ailleurs été maintes fois reconnues. De nombreux pigeons ont reçu les plus hautes distinctions militaires. « Le Vaillant » reste le plus célèbre d'entre eux, décoré pour avoir transmis le fameux message du commandant Raynal en 1916.

UNE COURSE D'ORIENTATION HORS PAIR

Aujourd'hui, l'oiseau est surtout élevé pour plaisir de passionnés. Le pigeon voyageur est une race à part entière. Bien différent du pigeon des villes, il est plus puissant, plus robuste. « Il n'est pas plus gros, mais simplement plus musclé. Ils n'ont pas la même morphologie. Ce sont de vrais sportifs et leur alimentation est adaptée à cela », décrit Dominique Villain. Ses plumes en couteau lui donnent toutes les caractéristiques nécessaires à un vol endurant et rapide. Un pigeon voyageur vole à environ 80 km/heure et parcourt en moyenne 100 km en moins d'une heure trente.

Les concours de pigeon voyageur sont des courses de rapidité. Leur mission : retourner le plus rapidement possible dans le pigeonnier du propriétaire. « Tous les pigeons voyageurs ont une boussole dans la tête qui leur permet de rentrer chez eux, mais c'est à nous de leur apprendre à s'en servir », explique le garde-chasse. Les oiseaux sont entraînés dès l'âge de 3-4 mois. D'abord sur des distances de 5 km, puis 10 km, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'ils soient prêts pour les courses.

Le jour du départ, les oiseaux sont emmenés en camion jusqu'à un point A appelé le point de lâcher. Tous les pigeons participants sont libérés au même moment. Les colombophiles attendent ensuite leur retour, chez eux. Grâce aux coordonnés GPS du pigeonnier, le calcul du temps de vol rapporté à la distance à effectuer permet de connaître la vitesse de l'oiseau, le plus rapide étant le vainqueur. « Mon meilleur pigeon est arrivé 2e lors du lâcher d'Amsterdam. Il a parcouru près de 900 km. Il a aussi fini 1er en fédéral au lâcher d'Arras », se souvient Dominique Villain.

UNE PROIE PRISÉE

Depuis plusieurs mois, Dominique Villain remarque qu'étrangement, les pigeons les plus expérimentés peinent à rentrer. Les membres de la société ont recensé une perte de 30 % dans leurs pigeonniers et selon le président de la société des colombophiles, ce n'est pas dû au hasard. « Je pense que les nouvelles antennes téléphoniques installées côté Brenne depuis quelques temps, désorientent nos pigeons. Ils se perdent et on finit par ne plus les revoir. Alors que nos jeunes pigeons, nés avec ces antennes et donc habitués, reviennent facilement ».

Autre problème pour les colombophiles : la recrudescence des attaques de rapaces. Présents en trop grand nombre par rapport à la quantité de nourriture disponible, les faucons pèlerins, les éperviers d'Europe et les autours des palombes s'en prennent aux pigeons pendant les courses. « Je perds une dizaine de pigeons par saison à cause de ces attaques. Et je ne suis pas le seul. On en a vraiment marre », exprime le président des Ailes Bleues. Les rapaces sont des espèces protégées. Il est donc impossible de défendre ses pigeons. Des solutions, il en a imaginé quelques-unes, mais : « l'idéal serait de désigner des personnes dédiées qui pourraient piéger ces rapaces et les éloignés des pigeonniers ».

UNE PASSION MÉCONNUE

« Nous, on veut partager notre amour pour ces oiseaux. Nos ancêtres n'ont pas su transmettre leur passion et aujourd'hui il y a un trou dans les générations de colombophiles. On ne veut pas reproduire cela. C'est pourquoi, on essaie de passionner les enfants pour qu'eux-mêmes embrigadent leurs parents », note le colombophile. Toujours à la recherche de nouveaux passionnés, Dominique Villain et sa société font des dons de pigeons aux nouveaux licenciés. La société forme également les nouveaux colombophiles à la course. Lorsqu'il a pris la tête de la société, ils n'étaient plus que trois adhérents. Désormais, la société en compte treize. Son amour des pigeons et l'attention qu'il leur porte ont réussi à fédérer petits et grands. « Tous les jours, les oiseaux sortent voler. Je les siffle une heure après pour les faire rentrer ».

Dans le pigeonnier, des bruissements d'ailes et des roucoulements se font entendre. Dominique Villain en ouvre les petites fenêtres. C'est alors que plusieurs dizaines de pigeons s'envolent et profitent de la beauté du paysage de la Brenne, vue d'en haut.

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