Les pluies perturbent une fois de plus les semis
Après les cultures d’hiver malmenées par les intempéries, l’espoir s’était cristallisé sur les semis de cultures d’été. Là aussi, les créneaux sont peu nombreux en raison des averses toujours trop présentes. Le point avec Jean-Pierre Nicolet, conseiller agronomie à la chambre d’agriculture de l’Indre.
Après les cultures d’hiver malmenées par les intempéries, l’espoir s’était cristallisé sur les semis de cultures d’été. Là aussi, les créneaux sont peu nombreux en raison des averses toujours trop présentes. Le point avec Jean-Pierre Nicolet, conseiller agronomie à la chambre d’agriculture de l’Indre.

A l’automne, les pluies incessantes et les parcelles gorgées d’eau ont rendu difficiles, voire impossibles selon les secteurs, les semis de cultures d’hiver. Le plan de secours reposait sur l’implantation des cultures d’été. Cependant les averses de fin avril-début mai ont refroidi les ardeurs. L’accalmie et le soleil du week-end du 8 mai ont permis à certains de relancer les chantiers. Mais rien n’est gagné car de nouveaux épisodes pluvieux sont arrivés dès lundi dernier.
Où en sont les semis de maïs et de tournesol dans le département ?
Jean-Pierre Nicolet : Il reste encore une partie non négligeable de parcelles non semées en maïs et tournesol. Dans les grandes lignes, il doit en rester un tiers dans chacune des cultures. Ces dernières peuvent être semées jusque début juin, à condition de privilégier les variétés précoces afin d’éviter les récoltes tardives. En cas de variétés tardives, on risque de les récolter vides, ce qui est inutile. Toutefois, il y a la théorie et la pratique. Par exemple pour le maïs, il est préconisé de se tourner vers des variétés précoces mais encore fautil trouver les semences. Si tout le monde opte pour cette solution, les semences risquent de devenir une denrée rare. Il est à noter qu’il y aura des chantiers de re-semis en maïs et tournesol, notamment sur les parcelles semées avant les gros coups d’eau de début mai, mais également en raison des attaques d’oiseaux et de limaces. Le re-semis peut être réalisé jusqu’au 10-15 juin grand maximum.
En cas d’impossibilité de semer du maïs ou du tournesol, quelles alternatives reste-t-il ?
J-P. N. : Il n’y a pas beaucoup de solutions. Certains se sont tournés ou pensent se tourner vers le millet. S’il y a un contrat signé avec un prix défini, pourquoi pas. Sans cela, il faut oublier la voie du millet, car la récolte est invendable. Le sarrasin peut être une alternative mais la récolte est toujours compliquée. Quant aux éleveurs qui pensaient faire du tournesol ou du maïs pour pallier les céréales d’hiver non semées et qui ne peuvent pas semer leurs cultures d’été pour X ou Y raisons, nous leur conseillons, selon les situations, de semer des légumineuses (trèfles/ luzerne…). La période est propice à une bonne implantation. Cela fera un peu de volume cette année, et un apport alimentaire intéressant l’année prochaine. Cette option peut être envisagée et peut aider ponctuellement.
De cette situation très particulière, en découlera-t-il de nombreuses jachères ?
J-P. N. : Il est certain qu’il va y en avoir plus que prévu. Reste à savoir comment cela va se passer car le couvert d’une jachère doit être implanté au plus tard au 31 mai et doit rester en place six mois. Au vu du contexte, des conditions climatiques et de la difficulté de semer, il s’agira de jachères contraintes et non définies comme telles lors de l’élaboration de l’assolement.
Quels autres impacts auront ces difficultés de semis ?
J-P. N. : Il y a des situations où les exploitants se posent beaucoup de questions, notamment en Brenne où tout le maïs n’est pas semé, et en Boischaut nord où la situation est compliquée. Il y a des secteurs en tension, où tout n’avait pas pu être semé à l’automne, les exploitants comptaient sur les semis de cultures d’été, qui là aussi sont difficilement réalisables. Cela risque d’être compliqué pour eux avec des répercutions sur l’assolement ainsi que des répercutions financières. Dans certains cas, il est peut-être préférable de ne pas semer plutôt que d’engager des frais pour mettre une culture vouée à l’échec. Cette campagne culturale va laisser des traces, avec un bouleversement des rotations. Du fait que les cultures d’été entrent en remplacement des cultures d’hiver non semées, cela impactera indéniablement la récolte 2025 voire 2026.