Aller au contenu principal

Les producteurs de lentilles se projettent dans l'avenir

Depuis deux ans, les lentilles vertes du Berry subissent des aléas météorologiques mettant à mal leur production. Plutôt que se laisser abattre, les producteurs ont décidé de miser sur l'avenir et les leviers possibles pour contrer l'impact du dérèglement climatique.

Les producteurs de l'association Lentilles vertes du Berry préparent l'avenir et cherchent des solutions pour maintenir la production face au dérèglement climatique.

Ces aléas nombreux et récurrents poussent les producteurs à s'interroger sur l'avenir de la filière et sur les leviers à mettre en place pour continuer à produire. Afin d'apporter des éléments de réponses, l'association des Lentilles vertes du Berry a postulé, et a été retenue, pour un accompagnement de l'Ademe sur l'élaboration d'un plan d'actions d'adaptation au changement climatique. Lors de son assemblée générale le 2 juin à Issoudun, le bureau d'études en charge du dossier est intervenu pour présenter une base de travail, vouée à évoluer au fil des discussions avec les producteurs et au fil des mois. L'idée est de partir d'un constat relativement global sur la situation actuelle vers les projections à 2100, selon les données du Giec, pour tendre vers un plan d'actions adapté sur mesure au territoire. A l'horizon 2024, les premiers leviers pourront être mis en place.

QUID DE LA CLIMATOLOGIE EN 2050

Depuis soixante ans, le climat en Centre-Val de Loire évolue, « mais la machine s'emballe depuis les années 80 et le mouvement s'accélère depuis 2003. Nous constatons qu'en dix ans, nous avons une hausse de 5,4 jours de plus au-delà de 25 °C et une perte de 3,3 jours sur dix ans du nombre de jours de gel. Un recul qui n'empêche pas des gelées importantes, plus impactantes du fait de la précocité des cultures » présente Sylvain Doublet, consultant expert vulnérabilité, agriculture et adaptation, chez Solagro.

Selon les projections jusqu'en 2050, quelques soient les actions menées pour ralentir ce dérèglement climatique, « le résultat est le même. Le basculement interviendrait entre 2050 et 2100 selon les actions mises en place. Si l'on intervient de manière drastique, nous tendrions vers + 2°C, alors que si l'on ne fait rien, le réchauffement climatique serait de 6 à 7 °C. D'où l'importance de réfléchir aux leviers possibles » poursuit-il. Le consultant a réalisé ces projections pour les communes de Levroux, Issoudun et Chârost, selon des curseurs déterminants pour la culture de la lentille : somme de températures du semis à la récolte, les conditions de levée, stress thermique (> 25° et >30°C), déficit hydrique précoce, le déficit hydrique lors du remplissage des grains, la pluviométrie lors de la récolte et l'arrivée des premières bruches.

Au cumul sur la campagne, il en résulterait une augmentation de 71 à 74 degrés jours du semis à la récolte, d'une hausse de deux à trois jours de plus au-delà de 25°C et 30°c, soit jusqu'à 14 jours au-dessus de 25°C en juin et jusqu'à 7 jours au-delà de 30°c de juin à mi-juillet. Concernant la pluviométrie et le déficit hydrique, les projections annoncent aucune évolution notable. En revanche, l'arrivée des bruches se voudrait plus précoce avec une avance de 6 jours par rapport à la situation actuelle. « Les bruches seraient présentes dès le 26 avril en moyenne, puisque le cumul des 850° jours sera atteint plus précocement » note Sylvain Doublet.

A l'issue de la présentation, les producteurs de lentilles ont interrogé le consultant sur l'évolution de la culture et sa sensibilité à la bruche, si le semis intervenait plus tôt dans la saison. De même le curseur sur le stress hydrique, selon les producteurs, devrait être revu afin que le modèle débute autour de février et non plus au 25 mars comme sur la démonstration, « ce qui prendrait en compte le déficit hydrique en sortie d'hiver » spécifie l'un des cultivateurs. Dans la même veine, tous estiment que le stress thermique avec des températures supérieures à 30°C devrait être avancé d'une quinzaine de jours. « La lentille supporte les 25°C. En revanche, les grosses chaleurs étant de plus en plus précoces, il faudrait calculer l'impact des >30°C dès la mi-mai, voire fin-mai, que début juin » observe un des céréaliers.

Fort de ces échanges, le consultant doit améliorer sa copie, en approfondissant les points mis en avant par les producteurs de lentilles vertes du Berry. Dans quelques semaines, les discussions reprendront pour identifier les solutions envisageables et construire le projet. 

Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 91€
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site L'Aurore Paysanne
Consultez le journal L'Aurore Paysanne au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter du journal L'Aurore Paysanne
Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Vous aimerez aussi

Une cinquantaine d'ânes sont inscrits aux concours, un record pour un championnat national.
Bientôt le championnat national âne Grand Noir du Berry

Menacée de disparition, la race d’âne Grand Noir du Berry sera mise en lumière lors du comice de Lignières les 23 et 24 août, avec concours et anim

Le programme Herbe et Fourrage impulse des projets de recherche coconstruits avec les éleveurs, afin d’être en adéquation avec leur interrogations.
Un réseau dynamique répondant aux interrogations des éleveurs

Le programme Herbe et Fourrages accompagne depuis plus de dix ans les éleveurs de la région dans la gestion de leurs systèmes fourragers.

Le moha présente un bon pouvoir couvrant grâce à un tallage important, limitant le développement des adventices lors de l’interculture.
Le moha, un fourrage estival taillé pour la chaleur

Face aux étés secs, Jacky Girard implante en dérobé du moha, un fourrage appétent qui sécurise les stocks et prépare la culture suivante.

Terres à disposition : ce qui change pour vos déclarations PAC

À partir de la campagne PAC 2025, les exploitants peuvent être sollicités par la DDT pour justifier que les parcelles qu’ils déclarent sont bien à

Balade au fil de l’Indre au Moulin de Vilaine

À deux pas de Châteauroux, sur les rives de l’Indre, le Moulin de Vilaine offre un véritable dépaysement.

Quelque 150 ovins reproducteurs étaient en vente le 6 août à la foire ovin, contre 350 il y a encore dix ans.
Foire de Saint-Benoît-du-Sault : des achats timides

À Saint-Benoît-du-Sault mercredi 6 août, les négociations autour des agneaux reproducteurs étaient discrètes.

Publicité