Logistique : encore bien trop souvent sur la route
Même si les organismes stockeurs privilégient les circuits courts, un grain de blé parcourt parfois des milliers, voire des dizaines de milliers de kilomètres, entre le lieu où il est récolté et celui où il est consommé. Où va-t-il ? Par quel moyen de transport est-il déplacé ? Entretien avec Bruno Bouvat-Martin, premier vice-président d’Axéréal.
Même si les organismes stockeurs privilégient les circuits courts, un grain de blé parcourt parfois des milliers, voire des dizaines de milliers de kilomètres, entre le lieu où il est récolté et celui où il est consommé. Où va-t-il ? Par quel moyen de transport est-il déplacé ? Entretien avec Bruno Bouvat-Martin, premier vice-président d’Axéréal.
Cette semaine, la rédaction continue son analyse sur la chaîne du grain. Après la transformation abordée dans l’édition du 18 novembre dernier, attardons-nous sur le transport et la logistique. A l’heure où la notion d’émission de carbone devient une priorité, voici un état des lieux des moyens de transport utilisés par les organismes stockeurs (OS) pour le transport des céréales. Chaque année, 50 % de la production française de blé tendre est transformée dans l’Hexagone. Les trente-six silos reliés aux voies ferrées de la coopérative Axéréal permettent d’expédier 2 000 trains chaque année. Un pourcentage de ces trains part, entre autres, dans des usines de transformation pour l’alimentation du bétail (cf. encadré), ainsi que dans des amidonneries et des meuneries. Mais la coopérative dispose également d’une flotte de 80 camions, auxquels viennent s’ajouter 550 camions par jour en période de moisson, affrétés auprès de prestataires externes.
Le fluvial, difficile à développer
Comme tout OS, le groupe coopératif tente de diversifier ses moyens de transport, afin de diminuer son impact écologique. Notamment pour sa compétitivité économique, la voie fluviale est à privilégier. Les volumes transportés ainsi sont importants pour une pollution limitée. L’interprofession céréalière estime qu’une péniche peut transporter l’équivalent de 125 camions et qu’elle pollue cinq fois moins à la tonne, que le transport routier. Sans parler de ses atouts en matière d’entretien de voirie, de nuisances sonores émanant de la route, etc.
Aujourd’hui, ce mode de transport représente entre 12 et 13 % des volumes de céréales déplacés en France. « Le transport par péniche est évidemment une des solutions pour décarboner notre activité, mais les investissements pour le développer sont considérables », résume Bruno Bouvat-Martin.
Le train accuse de sérieuses faiblesses
Le transport par train représente, lui aussi, un enjeu important pour réduire l’impact carbone de la filière céréalière française. L’interprofession affirme qu’un train transporte en moyenne 1 400 tonnes de grains (soit une cinquantaine de camions) et qu’il divise par neuf les rejets de CO2 à la tonne par rapport au routier. L’entretien limité des voies ferrées, notamment dans les zones rurales, bien souvent les plus productrices de céréales, engendre malheureusement des perturbations fréquentes, ce que déplore le vice-président du groupe coopératif : « Nous sommes l’un des premiers clients de la SNCF en termes de volumes transportés chaque année. En céréales pures, Axéréal représente leur premier client. Nous avons donc une relation relativement privilégiée avec l’entreprise ferroviaire. » Mais cela n’empêche pas des problématiques de disponibilité du matériel et des hommes. Son parc matériel parfois vieillissant est sujet à des pannes à répétition. « Ce n’est pas une entreprise que l’on peut qualifier de toujours hyper f iable, considère Bruno BouvatMartin. Or nous avons extrêmement besoin d’elle pour le transport de nos céréales. Le taux de fret ferroviaire est passé de 12 % dans les années 2 000 à 6 % aujourd’hui. Les investissements réalisés par le groupe SNCF, dans le matériel comme dans les infrastructures, sont aujourd’hui trop limités, même si le dialogue est régulier et sans cesse constructif », regrette-t-il.
La route, toujours n°1
Sans surprise, c’est aujourd’hui encore la route qui représente la majorité des déplacements de denrées agricoles brutes, notamment céréalières. Plus impactant pour l’environnement que les moyens de transport développés ci-dessus, le transport routier représente aujourd’hui plus de 70 % des transferts. Bien que bon nombre d’entre eux soient reliés aux voies ferrées, la majorité des 7 500 silos français (privés et coopératifs confondus) ne sont accessibles que par la route, car bien trop éloignés des réseaux, ferré comme fluvial.