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Prévention au suicide : « Il faut plusieurs personnes pour une aide efficace »

Chacun à son niveau peut apporter sa contribution pour prévenir des risques du suicide, estime Annabelle Desaix du Comité d'éducation pour la santé de l'Indre

Toutes les 40 secondes, une tentative de suicide se concrétise. En France, on frôle les 10 000 par an (dont une cinquantaine dans l'Indre), soit 25 par jour

C'est parce que l'on souhaite mettre fin à une souffrance qui n'est plus tenable que l'on se suicide. Ce n'est pas par choix. » Annabelle Desaix est catégorique. La formatrice en repérage et gestion de la crise suicidaire au Codes* 36 égrène des chiffres qui font froid dans le dos. Dans le monde, le nombre de personnes qui mettent délibérément fin à leurs jours (près d'un million par an) dépasse celui des victimes de guerre. Toutes les 40 secondes, une tentative de suicide se concrétise. En France, on frôle les 10 000 par an (dont une cinquantaine dans l'Indre), soit 25 par jour. Il y a 20 ans, ce chiffre avoisinait celui des accidentés de la route. Les actions de prévention déployées dans ce domaine aidant, ce dernier a été significativement réduit. « Pas celui des suicides », déplore Annabelle Desaix qui œuvre pour sensibiliser le public à ce drame.

 

Existe-t-il des signes qui peuvent alerter l'entourage de l'état suicidaire d'un proche ? 

Annabelle Desaix : Deux fois sur dix on ne les a pas vus. Cela veut dire que dans une très grande majorité des cas, ils sont perceptibles. On peut citer le changement de comportement. C'est le cas par exemple de quelqu'un qui parle peu, qui va se mettre à beaucoup parler, ou inversement. Un naturel doux qui fait preuve d'agressivité. Cela peut être aussi quelqu'un qui ne tient plus à jour ses papiers. On ne retrouve plus la personne comme on la voyait auparavant. Elle tient des propos qui ne sont pas habituels. Parfois, elle va faire savoir que : tel objet, je voudrais bien que ce soit toi qui le garde. Ce sont souvent des signes que l'on voit malheureusement après.

 

Quels sont les facteurs de risque ?

A. D. : Ils sont nombreux. Le simple fait d'être un homme. Ils sont en effet plus nombreux que les femmes à passer à l'acte. Le fait d'avoir une dépression, la non reconnaissance, des conditions difficiles de l'exercice de son métier. Des événements personnels comme un deuil, une séparation. Bien sûr, tout ce qui a pu se passer dans l'enfance a un impact. On relie souvent le passage à l'acte aux derniers événements vécus. En fait, c'est l'accumulation qu'il faut voir.

 

Peut-on considérer qu'il y a des étapes avant le passage à l'acte ?

A. D. : On ne parle pas vraiment d'étapes. Entre la première idée et le passage à l'acte, il peut s'écouler 6 à 8 semaines. A noter que cette période peut être beaucoup plus courte chez les adolescents, un fait à mettre en lien avec l'impulsivité propre à leur jeunesse. Durant ce laps de temps, les personnes en état suicidaire vont évaluer les stratégies mises en place pour résoudre les problèmes qui les submergent. Quand elles ne portent pas leurs fruits, le champ des possibles se réduit et elles en viennent à cette possibilité-là. A un moment, l'entourage peut avoir l'impression que cela va mieux. Ce n'est pas un bon signe car en fait, cela signifie que le scénario du passage à l'acte est prêt.

 

Quelles sont les attitudes à tenir face à une personne suicidaire ?

A. D. : La qualité d'écoute est essentielle. Partir de son propre ressenti pour signifier ses inquiétudes et ne pas juger. Il faut connaître un minimum la personne, que l'environnement s'y prête et se rendre disponible. Aborder la question du mal être directement avec des phrases du style : J'ai le sentiment que vous n'allez pas bien. Je ne vous vois pas comme d'habitude. Si on se trompe, la personne le dira. Et si on est disponible, et que l'on en est capable, il faut aller plus loin pour en savoir un peu plus. Quand l'environnement s'y prête, la personne se sent écoutée.

 

C'est-à-dire aborder frontalement la question du suicide ?

A. D. : Oui. L'idée n'est pas de se mettre en difficulté, mais la question avez-vous récemment pensé au suicide peut-être posée. Il y a toujours une réponse. Si c'est un oui franc, il faut creuser sur la programmation.

 

C'est quoi l'étape suivante ? 

A. D. : Il faut actionner les facteurs de protection, c'est-à-dire prendre contact avec son entourage. Joindre une personne ressource, un frère avec lequel l'intéressé s'entend bien, un ami, un enfant avec qui il a des projets…

Par ailleurs, on peut passer un contrat moral avec l'intéressé. Lui demander ce qu'il va faire les jours suivants, lui proposer de le rappeler dans quelques jours. Il existe des associations qui peuvent aussi venir en aide. Il faut plusieurs personnes pour une aide efficace.

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