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Racontez-nous la Dame du cirque

Sarah Cartyh, célèbre danseuse hindoue, charmeuse de serpents et dompteuse de fauves, décédée en 1979, reprend vie dans sa demeure de Saint-Lactencin, grâce aux recherches assidues d'Isabelle Hannequard, l'actuelle maîtresse des lieux.

Tout a commencé en 1971, lorsque mes parents achètent une ferme, ses terres et une ruine ensevelie sous les ronces et du lierre. Lorsque la vente fut conclue, le notaire nous a dit ''je vous laisse les clés et le sabot du lion de Sarah Caryth''. J'avais 10 ans ! », se souvient Isabelle Hannequart. Une information que l'actuelle propriétaire des lieux va mettre de côté jusqu'à ses 16 ans. C'est à cette époque qu'avec une amie, elles vont à la rencontre des aînés du village qui leur ont raconté les anecdotes sur la Dame du cirque. Les jeunes filles ont eu de quoi en noircir une dizaine de pages. Des notes laissées en sommeil jusqu'en 2007. C'est un concours de circonstances qui les fait émerger à la surface lorsqu'Isabelle Hannequart entreprend, avec une amie artiste, d'organiser des stages d'arts plastiques (dessins, peintures, sculptures…) dans sa résidence. « Afin de promouvoir notre stage, nous avons eu recours aux journaux locaux. C'est alors que Christiane Sand prend contact avec moi, m'expliquant qu'elle en connaît long sur l'ancienne propriétaire des lieux : Sarah Caryth. J'ai été piqué par la curiosité ».

Une passion dévorante pour Sarah Caryth

Ce contact va lui offrir de quoi collecter près de 250 photos, affiches et un enregistrement audio de 23 minutes où résonne la voix grave de Sarah Caryth (1897-1979), alors à la fin de sa vie, se racontant. Cette célèbre danseuse hindoue, charmeuse de serpents et dompteuse de fauves, entre 1928 et 1950, était tombée dans l'oubli. « J'avais promis d'écrire un livre, ce que j'ai fait à l'issue de 18 mois d'enquêtes, de nombreuses nuits blanches », rapporte Isabelle Hannequart. Le récit ne séduisant aucune maison d'édition, elle a du recourir à une souscription. « Nous avons donc déposé d'innombrables courriers dans les boîtes aux lettres de Saint-Lactencin et ses environs. En peu de temps, nous avons pu publier mon ouvrage, les habitants ne l'avaient pas oubliée. Sarah et ses fauves faisaient partie du décor, de leurs souvenirs d'enfance, de leurs jeudis libres », dit-elle avec émotion.

Des fauves, rois des lieux

En effet, aussi insolite que ce soit, entendre rugir dans les campagnes de Saint-Lactencin, tout comme dans la forêt de Gireugne à Saint-Maur, était chose courante fin des années 20 et jusqu'en 1950. Prince, un sublime lion accompagné d'au moins quatre lionnes et deux hyènes, était établi à Saint-Lactencin, dans la résidence bourgeoise surnommée le Manoir des Fauves. Sarah Caryth avait acquis ses premiers lions en 1925, alors qu'elle vivait encore à Montmartre. Avec eux, elle sillonna l'Europe à l'occasion de spectacles pleins de grâce. En 1928, elle regagnera son point d'attache indrien, dans la demeure familiale où elle a été élevée par sa grand-mère paternelle.

La grange du domaine sera aménagée pour accueillir ses fauves. Aujourd'hui, il ne reste que peu de vestiges de ce que le notaire avait appelé le sabot du lion. « Pour un fauve, un sabot est une sorte de box en bois dans lequel le lion s'endort lové à l'intérieur. Sauf que les pans de bois annoncés comme étant le sabot de Prince ne forment en aucun cas un box pour fauve. Mais plutôt une sorte de volet sur rail, faisant la taille de l'entrée de la grange, cela devait glisser devant la grille des fauves », avance la passionnée, intarissable sur la vie de Sarah Caryth.

Démêler le vrai du faux

Celle-ci ne cesse d'ailleurs jamais d'en découvrir à son sujet, « dont une nouvelle adresse de résidence, sur Aubervilliers, piste que je dois creuser », au même titre que les dernières anecdotes collectées.

En 1933, le lion fétiche de Sarah Caryth a perdu 3 crocs, ce qui nécessite la pose de prothèses dentaires. Ne faisant rien comme les autres, l'artiste décrète que ces nouveaux crocs seraient en or. « La pose des dents a été réalisée par les dentistes Palmiers et Blanchard, de Châteauroux, en live sur la scène d'Appolo en mars 1933. Intervention répétée au préalable dans la grange aux lions de Saint-Lactencin. Rien ne dit si cela a fonctionné ou si l'opération a eu être répétée avec des prothèses en toc », relate Isabelle Hannequart.

Sarah Caryth a su se réinventer à chaque écueil de la vie, laissant la porte ouverte à de nombreuses légendes. « A moi de démêler le faux du vrai, comme la fin funeste de Prince », espère-t-elle. En mai 1933, en pleine répétition d'un show avec le cirque Amar à Paris, alors qu'un journaliste est dans la cage avec elle et le lion, des coups de feu sont tirés et Prince meurt. « Y a-t-il eu un problème dans la cage nécessitant l'intervention des autres dresseurs postés autour de la grille, armes aux poings ? Qu'est-il advenu de la dépouille du lion ? Plusieurs hypothèses sont avancées, mais je doute de la version expliquant que ses côtes furent servies à l'Hôtel de France. Mais la grande énigme reste à savoir ce que sont devenus les crocs en or ! », indique Isabelle Hannequart qui a donc encore de quoi mener son enquête…

D'ailleurs, si d'aventure quelqu'un tombe sur ces fameuses dents, il est prié de les apporter à Saint-Lactencin, la demeure de la reine des Fauves ! 


Contact 

Pour tous témoignages sur la vie de Sarah Caryth dans l'Indre, contacter Isabelle Hannequard au 06 79 13 67 95.

Des visites du Manoir aux fauves et de la collection sur Sarah Caryth sont possibles tous les jours de la semaine, en après-midi, en juillet et août. Renseignements auprès d'Isabelle Hannequart ou au 06 66 25 09 78 (association Monumenta36).


 

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