Sécheresse : l’Indre globalement épargné pour l’instant
Le premier pic de chaleur aoutien s’est achevé ce jeudi. Peu, voire pas d’épisodes pluvieux ne sont annoncés… Malgré l’impact certain de la chaleur sur les cultures, des agriculteurs avouent avoir bénéficié de quelques pluies permettant de supporter plus facilement les épisodes de chaleur.
Le déficit hydrique enregistré depuis le début de l’année est remarquablement inquiétant. Alors que tous les départements métropolitains sont désormais concernés par la vigilance « sécheresse », les agriculteurs de l’Indre témoignent d’une forme de résilience et soulignent l’importance des averses de ce début d’été. Malgré la centaine de millimètres de pluie relevée à Issoudun, il y a une quinzaine de jours, « la sécheresse aura un impact certain sur les cultures », note Arnaud Montagnet, agriculteur du secteur.
VIGILANCE AUTOUR DU MAÏS ENSILAGE
Même constat dans le sud de l’Indre, à Tilly, où 160 mm ont été enregistrés durant le mois de juin permettant ainsi de sauver le maïs ensilage. Damien Maussire, éleveur dans la commune, explique que cette année, « la culture n’est pas vilaine en volume de paille mais pas exceptionnelle en grains ». Laura Chaumonnot, conseillère bovin lait à la chambre d’agriculture de l’Indre, partage les espoirs très hétérogènes des éleveurs du département. Certes si certains ont pu bénéficier d’orages localisés, la situation est plus compliquée dans le sud-est du département où ils ont été plus rares. Cependant, « par rapport à 2019-2020, on a eu moins de soucis de fécondation, et le maïs n’est pas si catastrophique, hormis en zone très séchante », détaille la conseillère. Les semaines à venir vont être décisives et s’annoncent très chaudes. Les dates de récolte dépendront du compromis à faire entre le stade de maturité du grain et son dessèchement. Les premiers maïs se verront ensiler dès le 15 août. Pour ceux, semés plus tardivement, les conditions météorologiques n’ont pas été idéales et ont freiné leur développement. « Beaucoup ont cru que ce serait pire. Pour la plupart, le volume est correct, excepté pour les dérobées faites tardivement », explique-t-elle, tout en rappelant que « la date de récolte doit être anticipée, planifiée. Il est aussi important de ne pas négliger les conditions de stockage du maïs qui pourrait être plus compliquées du fait de la sècheresse de la plante ».
UNE IRRIGATION SOUS CONTRAINTE
Donatien Gerbier, cultivateur irrigant du côté d’Issoudun, explique également que l’eau s’évapore beaucoup et qu’avec la chaleur, il faut évidemment réaliser plus de tours d’eau. Cependant, il n’est pas inquiet. « Les deux vagues de chaleur à 38-40°C ont été très compliquées mais entre 30 et 35°C, cela reste gérable, surtout avec les quelques pluies que l’on a eues, permettant de faire aussi un trou dans l’irrigation ». Pierre Giard, président de l’Association des professionnels de l’irrigation de l’Indre (API36), en témoigne : « La pluviométrie au début de l’été a permis de détendre un peu l’atmosphère et de traverser juillet moins difficilement, mais là nous sommes repartis dans une période sèche qui suscite des craintes ». Alors que le climat estival est relativement similaire aux étés précédents avec des périodes de canicule relativement courtes, Pierre Giard ne manque pas de rappeler que « l’important déficit pluviométrique que l’on a connu à l’hiver et au printemps aggrave significativement la situation ». Les ressources en eau sont très fragiles depuis le mois de mai et les restrictions sur les bassins de l’Indre en sont la preuve. Ces derniers s’organisent de plus en plus pour proportionner l’usage, à l’image du bassin de l’Anglin où « une démarche collective a permis de réaliser une estimation des besoins et des impacts sur le cours d’eau afin de poursuivre les activités et en ménager tous les usages », indique le président de l’API36.
CRAINDRE UN RETOUR DE BÂTON ?
Cependant, Arnaud Montagnet se méfie du retour de manivelle. En effet, statistiquement, la pluviométrie d’une année sur l’autre est sensiblement la même dans le département. Or si cette tendance se poursuit, il n’est pas exclu d’avoir un automne très pluvieux rattrapant ainsi le retard hydrique accumulé… ce qui pose question pour la nouvelle campagne. « On n’essaie plus d’anticiper. On ne peut pas aller au-devant de la nature, ni imaginer avec quelle violence elle va s’exprimer », note Arnaud Montagnet avant d’ajouter : « il va probablement falloir réfléchir à sa façon de travailler et à ses dates d’implantation ».