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SÉCHOIR : « NOUS AVONS AUGMENTÉ DE 10 % NOTRE PRODUCTION DE LAIT »

Olivier Denis, éleveur caprin en Gaec, estime que l’acquisition d’un séchoir à fourrage a permis de gagner en qualité de fourrage et en productivité laitière.

Le séchoir du Gaec des rives de l’Anglin comporte trente-six emplacements

Depuis 2019, les associés du Gaec des Rives de l’Anglin à Lurais, dans le sud de l’Indre, ont installé un séchoir à fourrage sur leur exploitation caprine. Toutes les bottes de luzerne et de trèfle violet, récoltés jeunes, passent au séchoir. Olivier Denis revient sur les enseignements de ces quatre années d’utilisation.

Quel était votre but en installant votre séchoir à fourrage ?  

Olivier Denis : Nous travaillons depuis des années sur l’autonomie alimentaire et nous pensions aller plus loin dans le raisonnement avec ce type d’outil. Cet investissement était pour nous un moyen supplémentaire de sécuriser la qualité de notre fourrage et aller plus loin dans sa valorisation par nos chèvres. Toutes les bottes passent au séchoir, notamment pour conserver les feuilles de luzerne, d’où l’intérêt de maximiser le tonnage pour avoir un meilleur fourrage et améliorer nos coupes.  Le séchoir nous offre la possibilité d’aller chercher cette première coupe que nous ne pouvions pas réaliser sans l’outil. Par ricochet, nous avançons les coupes suivantes, et raccourcissons les créneaux pour que le foin reste le moins possible par terre.  

Quels critères ont guidé votre choix pour l’investissement de votre séchoir ?

O. D. : Nous avons opté pour un outil adapté à notre exploitation, avec des dimensions cohérentes avec notre système. Il comporte trente-six emplacements. Si nous avions su l’impact sur la production et l’organisation du travail, nous aurions pu prévoir un peu plus grand pour plus de souplesse.  C’est un outil de plus dans notre chaîne d’alimentation. Cela nécessite de  faire du bon fourrage en amont. Un fourrage médiocre à l’entrée du séchoir deviendra du fourrage médiocre séché.  

Quelles précautions prenez-vous pour préserver la qualité du fourrage ?  

O. D. : Le séchage débute au moment de la récolte, avec une mise en andain précise afin que la presse forme des bottes avec un pressage régulier. Des prérequis nécessaires afin que l’air du séchoir circule uniformément dans la botte : si elle est bien faite, pas la peine de la retourner en cours de séchage. Nous avons poussé très loin les curseurs, nous ne pouvons pas attendre plus de 24 heures entre le pressage et le séchage, et même parfois 24 heures c’est trop, car nous récoltons des fourrages très jeunes, avec beaucoup de sucre et la fermentation peut démarrer très rapidement. La botte sèche entre 8 à 15 heures, selon son taux d’humidité mais également en fonction de la climatologie extérieure au moment où nous lançons le séchoir. La consigne est donnée pour un séchage autour de 40°C. Nous raisonnons également la température en fonction de la consommation d’énergie.  Une fois les bottes sèches, elles sont toutes sondées pour s’assurer du bon séchage et sont stockées sous hangar comme du foin classique. Elles sont triées en fonction de la parcelle et de la qualité du fourrage après analyse.  En 2021, sur les 1 548 bottes séchées, nous en avons écarté une dizaine lors de la distribution à l’auge, ce qui est anecdotique.  

Quel impact a eu ce foin de luzerne séché sur les chèvres et la production de lait ?  

O. D. : Les chèvres ont vite pris goût au fourrage de qualité, quand c’est bon elles y reviennent.  Nous avions prévu un amortissement en se disant que nous allions augmenter la production de 30 l/chèvre et ces 30 l/chèvres ne couvraient pas l’ensemble des frais engagés. Là aussi, les estimations n’étaient pas bonnes puisqu’elles produisent en moyenne 100 l de plus. Après quatre campagnes, nous pouvons affirmer que nous avons augmenté de 10 % notre production de lait, en optimisant nos fourrages. Nous vendons ainsi environ plus de 30 000 litres de lait en plus par an, ce qui couvre les annuités et l’énergie. L’outil s’autofinance sans souci. Au niveau ration, nous avons corrigé celle des laitières en enlevant un peu de céréales car le fourrage leur apporte l’énergie nécessaire, et nous avons maintenu le tourteau mais a minima.  En revanche, ce que nous n’avions pas anticipé au début de l’aventure était l’augmentation de la surface fourragère. C’est logique puisqu’elles mangent plus, avec une meilleure digestibilité, elles digèrent plus vite et la panse n’est pas encombrée.  

Estimez-vous que ce fourrage peut remplacer les concentrés pour certaines catégories de chèvres ?  

O. D. : Pour les chevrettes, avec le foin de luzerne séché et des céréales, il n’y a plus besoin de concentrés. Sachant que nous avons 200 chevrettes, dont une partie destinée à la vente, nous faisons des économies sur les tourteaux. Les données économiques sont à confirmer. 

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