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Philippe Demiot, président de la FDSEA 36
Un syndicalisme présent partout où se prennent les décisions

Président de la FDSEA depuis plus de 18 mois, Philippe Demiot mesure pleinement le travail à accomplir à tous les niveaux pour défendre les intérêts de la profession. Il mène la liste FDSEA+JA aux élections chambre.

Philippe Demiot s’est installé avec ses parents en 1997 au Blanc, en polyculture élevage. Son frère l’a rejoint quelques années plus tard. Dans le milieu des années 2000, au départ à la retraite du salarié de l’exploitation puis de leur père, ils abandonnent l’élevage ovin qui comptait 400 brebis, à défaut de trouver un nouvel associé ou un salarié. Aujourd’hui, les deux frères font valoir 400 ha en grandes cultures, dont la moitié est irriguée. Le maïs est leur culture principale. En collaboration avec un fabriquant d’aliment, il est commercialisé en circuit court et destiné à des éleveurs locaux. En vue d’optimiser leurs charges de mécanisation, les deux associés travaillent depuis 2012 avec 2 collègues, avec l’objectif, à terme, de disposer d’un parc matériel en commun. L’exploitant préside la FDSEA depuis 18 mois et est à ce titre tête de liste FDSEA-JA aux élections chambre d’agriculture.

Comment êtes-vous entré dans le syndicalisme ?

Mon père était engagé, et avant lui mon grand-père.  J’ai été formé depuis tout petit. Pour autant, j’ai zappé l’étape JA. Mon père avec qui j’étais en GAEC était impliqué à l’AGPM, j’estimais qu’un seul mandat suffisait. J’ai pris des responsabilités plus tard, à la FDSEA en tant que président local.

 

Vous êtes particulièrement attaché aux rôles des élus sur le terrain. A l’heure où on a le sentiment que toutes les décisions se prennent dans des sphères lointaines, quelle est leur marge d’action ?

Contrairement aux idées reçues, nous avons encore des leviers d’action partout dans nos territoires. Prenez par exemple la carte des cours d’eau, dont la révision n’est pas encore finalisée. C’est un sujet sensible, la pression sociétale est forte. Pour nous, l’enjeu est de taille puisque cette carte a un impact sur les zones de production. Dans toutes les communes, les élus du réseau ont convié leurs adhérents à confronter des linéaires répertoriés sur des cartes à la réalité du terrain. Cette expertise fine est un véritable travail de fourmi, qui ne se voit pas mais qui est essentiel pour étayer la position de la FDSEA. Car pour arriver à un compromis avec tous les utilisateurs d’eau qui ont chacun leurs propres objectifs, il faut avoir des arguments tangibles. Sans le travail au quotidien des échelons locaux de la FDSEA, nous n’aurions pu disposer d’un état des lieux aussi précis.

Un autre dossier sur lequel la FDSEA s’est particulièrement impliquée ces dernières années est celui des énergies renouvelables, en accompagnant l’émergence de projets de groupe. Pourquoi cette orientation ?

Parce que nous estimons à la FDSEA que tout ce qui contribue à apporter de la valeur ajoutée, ou à réduire les charges des exploitants doit être encouragé. Dans le cas du photovoltaïque, l’idée est de financer une partie des bâtiments d’exploitation. Sollicitée par quelques adhérents en 2014, la FDSEA a mis à disposition Claudia Huard, l’animatrice de la FDSEA, pour accompagner un premier groupe d’agriculteurs qui ont décidé de réfléchir collectivement à leurs projets. Ces agriculteurs ont acquis un savoir-faire reconnu, y compris en dehors de notre département. C’est une action qui se traduit concrètement par la mise en route en 2019 de 66 nouvelles centrales électriques photovoltaïques. C’est là encore une belle réussite à mettre à l’actif d’un travail local.

Le département compte également quelques projets collectifs d’unités de méthanisation dont l’un dans votre secteur. Quel regard portez-vous sur ceux-ci ?

Ce sont des projets beaucoup plus lourds à mettre en place, ne serait-ce que parce que la législation évolue sans cesse, tout comme la technique. Je reste convaincu qu’ils peuvent contribuer à apporter de la valeur ajoutée à nos exploitations. Le projet de Ciron, dans lequel mon frère et moi sommes impliqués, permettrait par exemple la production de méthane à partir de fumier issu d’élevages voisins ; le digestat pourrait venir enrichir nos sols, cela contribuerait à favoriser les échanges entre collègues, à valoriser nos cultures intermédiaires. Les contrats d’achats prévoient un prix fixe sur 15 ans, sans limitation de production. Vous en connaissez beaucoup de contrats de ce genre en productions agricoles ?

On l’a vu notamment avec l’année 2016, les exploitations de l’Indre sont particulièrement vulnérables dès qu’il y a un aléa climatique. Que suggère la FDSEA pour offrir plus de résilience aux agriculteurs ?

On doit s’attaquer à la sécurisation de nos revenus. Et pour moi, il y a deux leviers sur lesquels agir. Le premier concerne la sécurisation de nos productions avec l’irrigation et le drainage. L’eau qui tombe en excès à un moment de l’année doit pouvoir être réutilisable quand elle vient à manquer. Pour arroser les cultures fourragères, mais aussi pour introduire dans nos assolements des cultures nouvelles. L’accès à l’eau est un véritable enjeu.

Et le second levier ?

On l’a vu ces dernières années, les aléas climatiques sont de plus en plus fréquents. Nous sommes aussi exposés à la volatilité des prix.  Il faut que nous disposions de véritables outils pour pouvoir passer les mauvais caps. Je pense à des outils assurantiels et fiscaux qui permettraient un lissage de nos revenus. Ce sont des sujets, pour le coup, qui sont portés par l’échelon national de notre syndicat. Nous avons d’ailleurs obtenu des avancées, mais il faut aller beaucoup plus loin.

Local, régional, national, votre réseau syndical est présent à tous les échelons…

C’est une de nos forces. C’est ce qui nous permet d’avoir du poids partout où se prennent les décisions. Avec la montée en puissance des communautés de communes, nous avons d’ailleurs jugé nécessaire de remplacer nos échelons cantonaux par des échelons intercommunaux. Quel que soit le niveau où elle s’exerce, l’action syndicale reste un levier indispensable de notre défense professionnelle. Alors même si la mode est au dégagisme, je demande à chacun de mes collègues de regarder objectivement le travail accompli. Nous n’avons pas tout réussi, mais nous avons à chaque fois redoublé d’efforts pour défendre tous les agriculteurs et toutes les agricultures, quelle que soit la production. Et nous allons continuer de le faire.

Que diriez-vous à ceux qui hésitent encore à participer au scrutin chambre d’agriculture ?

ONG, société civile… beaucoup ont des idées très précises de ce qu’il faudrait que l’on fasse dans nos fermes. Ne leur laissons pas penser qu’on se désintéresse de notre profession.  Les pouvoirs publics aimeraient aussi faire sans les syndicats et les chambres. Avec ce scrutin, le gouvernement nous attend au tournant. Une faible participation sonnerait comme un signal négatif et nous affaiblirait durablement tous. L’abstention est la dernière chose à faire !

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