Politique européenne
Une année décisive pour l’UE
En 2019, l’UE va-t-elle confirmer son déclin ou au contraire repartir du bon pied ? Une question cruciale pour l’agriculture. Le 12 mars, Thierry Pouch, économiste à l’APCA, a partagé son analyse sur cette question avec les nouveaux élus de la chambre d’agriculture de l’Indre.
En 2019, l’UE va-t-elle confirmer son déclin ou au contraire repartir du bon pied ? Une question cruciale pour l’agriculture. Le 12 mars, Thierry Pouch, économiste à l’APCA, a partagé son analyse sur cette question avec les nouveaux élus de la chambre d’agriculture de l’Indre.

Ce 12 mars, un morceau de taille attendait les nouveaux élus de la chambre d’agriculture, lors de leur seconde session. Thierry Pouch, économiste à l’APCA (Assemblée permanente des chambres d’agriculture) est venu leur parler de l’avenir de l’Union Européenne. « L’année 2019 sera décisive » estime l’économiste « son avenir est désormais engagé. Va-t-on vers la voie du déclin ou celle du renouveau ? ».
Après plusieurs décennies de paix et de prospérité, l’UE est entrée dans une zone de turbulence. 20 ans après la mise en service de l’Euro, la convergence des économies n’est toujours pas effective. Certains pays vacillent. Au lieu d’utiliser ses réussites, comme le fait qu’elle soit la première puissante exportatrice du monde, elle surfe sur ses faiblesses.
C’est dans ce contexte très particulier que va se dérouler, dans tout juste 2 mois, le scrutin du parlement européen. Particulier pour ne pas dire inédit, tout d’abord parce que ce sera la première fois qu’il devrait se faire sans les Britanniques. Et que la sortie de ceux-ci donne de l’eau au moulin des eurosceptiques. Ces derniers pourraient occuper près d’un quart des postes de la future assemblée. Si on ajoute le fait que les deux principaux groupes PPE et S-D (social-démocrate) obtiendraient moins de la majorité, on comprend qu’on risque « de rentrer dans une zone d’instabilité du Parlement européen pouvant être préjudiciable aux prises de décisions » a avancé l’économiste. Evidemment, quand on parle décisions, la profession agricole a en ligne de mire le budget PAC et la PAC 2020/2027, toujours pas finalisés…
L’UE, une pièce sur l’échiquier
Et les dissensions internes à l’UE ne sont pas les seules à faire tanguer le paquebot européen sur la question agricole notamment. Le gros temps qui agite les relations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis malmène aussi sa trajectoire. En recentrant sa politique sur les intérêts des Américains, D. Trump fait fi de tous les accords conclus sur l’échiquier planétaire. Estimant que les Chinois en ont assez profité, en 2018, il relève les droits de douane sur l’acier et l’aluminium. La réaction de l’empire du Milieu ne s’est pas faite attendre : en diversifiant ses sources d’approvisionnement en soja, il s’affranchit du marché américain. Et c’est vers l’UE que les USA se tournent en juillet 2018 pour s’assurer de nouveaux débouchés. Les importations américaines ont grimpé en 6 mois de 112 %, fragilisant du même coup l’autonomie de l’UE en protéines végétales.
Plus proche de nous, la Russie a su transformer l’embargo décrété en 2013 par l’UE en atouts. Les exportations françaises de produits alimentaires vers ce pays se sont réduites à peau de chagrin et la France a subi une rude concurrence sur le marché du blé.
Rien qu’avec ces exemples, on mesure l’interconnexion des grandes puissances de ce monde. Y naviguer en solitaire revient à s’exposer au moindre coup de vent. Les campagnes britanniques (dont 58 % des agriculteurs) qui ont voté en faveur du Brexit, prennent aujourd’hui conscience que ce sont elles qui bénéficient le plus des aides européennes… Et de l’instabilité dans laquelle bientôt elles vont se trouver. « Les crises successives de l’UE sont l’occasion de prises de conscience, veut croire Thierry Pouch. L’UE a son destin en mains ». Et les électeurs un pouvoir de décision en se déplaçant massivement aux urnes le 26 mai prochain.