Aller au contenu principal

COOPÉRATION
Les savoir-faire français partagés en Mongolie

Une aventure au coeur des steppes mongoles, à la découverte des systèmes d’élevage bovin et des formations, pour renforcer les échanges entre la France et la Chine : telle a été la mission confiée à Jocelyn Brichet, directeur d’exploitation au lycée agricole de Châteauroux.

C’est un voyage fascinant, mêlant partage et découverte, qu’ont entrepris trois spécialistes français de l’agriculture et de l’enseignement agricole. En septembre 2024, ils ont traversé la Mongolie intérieure pour observer les pratiques d’élevage et les parcours de formation des éleveurs bovins chinois, dans le but d’identifier des pistes de collaboration entre les deux pays.
Parmi eux, Jocelyn Brichet, directeur de la ferme de Touvent, a mis à profit son expertise dans cette mission confiée par la Direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER) et le pôle Agro de l’ambassade de France en Chine.


Une terre aux vastes horizons

La Mongolie intérieure est le berceau du plus grand cheptel bovin du pays. Elle joue un rôle clé dans le développement de l’élevage bovin allaitant, une filière sur laquelle mise le gouvernement après les graves pertes causées par la peste porcine africaine.

La mission a débuté par une rencontre à Pékin avec la Direction des Sciences et Technologies du ministère de l’Agriculture et des Affaires rurales de la Chine, avant de rejoindre la Mongolie intérieure. En une semaine, les experts ont visité deux établissements d’enseignement agricole et quatre exploitations bovines. « Nous avons vu des exploitations très variées : des élevages intensifs, comme une exploitation laitière de 10 000 vaches au milieu des steppes ; d’autres plus extensifs avec une ferme de 100 bovins sur 500 hectares et des fermes vivrières avec des vaches à l’attache dans la cour », raconte Jocelyn Brichet.


Les steppes, entre tradition et adaptation
 

Les steppes imposent des défis considérables aux éleveurs : « le climat est très rude, les fenêtres météorologiques sont très courtes, et les vaches pâturent parfois jusqu’au milieu des voies rapides pour valoriser le moindre centimètre carré d’herbe », témoigne-t-il. Bien que les éleveurs travaillent principalement avec des races mixtes ou locales, il est possible d’apercevoir quelques charolaises et limousines. « Georges Pompidou avait offert des vaches limousines à la Chine », rappelle-t-il. « Le gouvernement chinois met en avant la charolaise car elle est performante dans les conditions locales », observe-t-il, « mais les doses d’insémination importées restent limitées ».
Jocelyn Brichet rapporte également que les critères de sélection des animaux semblent figés sur des aspects esthétiques tels que la taille, le poil ou la tête blanche, négligeant les performances techniques. Il raconte que, durant leurs échanges, « ils ont été surpris d’apprendre que nous sélectionnons sur des critères comme les qualités maternelles. Ils n’ont pas toujours conscience qu’une vache doit faire un veau par an ».


Formation agricole : des défis à relever

Les conditions de travail des éleveurs locaux, souvent sans formation agricole, contrastent avec les standards français. « Les salariés sont parfois en espadrilles dans les stabulations et n’ont pas été formés à la manipulation des animaux », déplore Jocelyn Brichet.

Concernant les établissements de formation, l’expert rapporte que les contenus pédagogiques sont plutôt généraux, avec très peu d’approches pratiques et terrain.

Une réalité qui interroge, mais qui ouvre des perspectives d’échange et de développement. Une délégation chinoise est attendue en France lors du Sommet de l’élevage, afin de découvrir les pratiques, les formations agricoles et les races emblématiques françaises. Ces rencontres pourraient renforcer les liens pour de futures collaborations, allant jusqu’à l’échange d’élèves et d’enseignants entre les deux pays.

Pour Jocelyn Brichet, ce périple a été une véritable leçon d’ouverture et de réflexion. « Nous n’avons pas les mêmes pratiques, les mêmes conditions de travail, ni les mêmes normes. On se rend compte que, finalement, notre agriculture n’est pas si mal », conclut-il.

Cette mission, véritable pont entre deux mondes, illustre la reconnaissance du savoir-faire français, terreau d’échange pour le développement agricole international.

Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 91€
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site L'Aurore Paysanne
Consultez le journal L'Aurore Paysanne au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter du journal L'Aurore Paysanne
Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Vous aimerez aussi

Pâtisserie mobile et libre-service : la recette haut de gamme et originale de Nelly Vossier

Pour son talent et l’originalité de son fonctionnement, Nelly Vossier, créatrice de l’Atelier des envies à Châteauroux, a été lauréate en 2024 du c

150 limousins à Saint-Benoît le 27 août

La 33e foire concours de reproducteurs limousins à Saint-Benoit-du-Sault aura lieu le mercredi 27 août

Découvrir l'élevage de crevette d'eau douce

Chez les Boely, la pisciculture est une histoire de famille.

Une cinquantaine d'ânes sont inscrits aux concours, un record pour un championnat national.
Bientôt le championnat national âne Grand Noir du Berry

Menacée de disparition, la race d’âne Grand Noir du Berry sera mise en lumière lors du comice de Lignières les 23 et 24 août, avec concours et anim

Le programme Herbe et Fourrage impulse des projets de recherche coconstruits avec les éleveurs, afin d’être en adéquation avec leur interrogations.
Un réseau dynamique répondant aux interrogations des éleveurs

Le programme Herbe et Fourrages accompagne depuis plus de dix ans les éleveurs de la région dans la gestion de leurs systèmes fourragers.

Le moha présente un bon pouvoir couvrant grâce à un tallage important, limitant le développement des adventices lors de l’interculture.
Le moha, un fourrage estival taillé pour la chaleur

Face aux étés secs, Jacky Girard implante en dérobé du moha, un fourrage appétent qui sécurise les stocks et prépare la culture suivante.

Publicité