Transport
La Brenne sans chauffeur
Désenclaver les territoires isolés est l’un des objectifs de l’expérimentation du véhicule sans chauffeur qui va être menée dans l’Indre, dans quelques mois.
Désenclaver les territoires isolés est l’un des objectifs de l’expérimentation du véhicule sans chauffeur qui va être menée dans l’Indre, dans quelques mois.



Depuis quelques semaines, il est commun de croiser un véhicule électrique sans chauffeur dans les environs de la gare de Lyon, en plein cœur de Paris. Pas de poste de pilotage ni volant, ni pédale, cette étrange navette pouvant contenir jusqu’à 6 personnes fera partie du décor brennou d’ici 2021. En effet, mercredi 24 avril Elisabeth Borne, ministre des Transports, présentait un plan pour développer l’utilisation des véhicules électriques autonomes en France. Seize expérimentations vont être menées ces prochaines années, tant en milieu urbain que rural. Un volet de l’expérimentation pour la mobilité autonome se déroulera en Cœur de Brenne. La navette effectuera 4 allers-retours par jour, entre Mézières-en-Brenne, SaintMichel-en-Brenne, Azay-le Ferron, Martizay, et Paulnay, soit un circuit de 20 km.
FACILITE LA MOBILITE EN MILIEU RURAL
En juin 2018, la communauté de commune Cœur de Brenne avait déposé un dossier de candidature, dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt sur ce projet d’expérimentation d’un véhicule autonome. Celui-ci a retenu l’attention de tous car il s’agissait du seul projet réellement rural soumis à l’Ademe et au consortium. « C’est un territoire, où il n’y a pas d’autres solutions que la voiture, expliquait, fin avril, Elisabeth Borne sur France Info. Des personnes âgées ne peuvent plus aller faire les courses ou chez le médecin ».
Concrètement, ce sont les 5 000 habitants du secteur défini qui pourront bénéficier de ce service de transport partagé d’un autre genre. « Depuis 2002, les élus portent une réflexion sur le numérique sur l’ensemble du territoire de la communauté de communes, avec l’intime conviction que son développement permettra à tous d’avoir des services de qualité équivalents à ce que l’on trouve dans les grandes villes et de les pérenniser », détaille Jean-Bernard Constant, responsable numérique de la communauté de communes Cœur de Brenne. Depuis des années, tout est mis en œuvre pour rattraper le retard en la matière dans ce secteur de la Brenne, via la 4 G, la fibre optique, les espaces de télétravail, etc. A travers cette expérimentation, les élus espèrent offrir aux jeunes non véhiculés la possibilité de se rendre à la bibliothèque, ou à leur entrainement de foot, mais aussi aux seniors ne pouvant plus conduire d’aller chez le médecin, au marché, aux services administratifs…
UN SERVICE GRATUIT PENDANT 1 AN
Les investissements liés à cette expérimentation (lire l'article " Un défi technologique à relever") vont se répercuter sur les 3 prochains budgets annuels de la com.com, et les trajets seront gratuits pour l’utilisateur dans le cadre de l’expérimentation. En fonction des résultats de celle-ci, si la com.com souhaite pérenniser la démarche, il y aura une réflexion sur la mise en place d’un service payant. « Pour l’heure, l’idée est de démontrer aux sociétés créatrices de ces véhicules que la ruralité, la grande oubliée, est un marché à prendre et qu’il y a un véritable enjeu sociétal qui découle avec un nouvel outil de mobilité », avoue le responsable numérique de Cœur de Brenne.
En septembre, débutera un an d’études pour finaliser les projets, la communication, s’en suivront 6 mois d’aménagement de voirie, pour un premier trajet inaugural début 2021. En attendant, plusieurs réunions publiques seront organisées pour expliquer de A à Z les tenants et aboutissants de cette expérience, le mode d’emploi de ce véhicule sans chauffeur, etc. « Dans le cadre de l’expérimentation, il y aura un opérateur physiquement présent dans la cabine, afin de pallier les éventuels coups d’urgences, pannes, etc. A terme ces manipulations se feront avec une prise en main à distance, les usagers n’auront qu’à activer le bouton d’urgence pour que l’opérateur intervienne, un peu comme dans un ascenseur», rassure Jean-Bernard Constant.
D’après les dernières discussions sur le sujet, il s’avère que la jeune génération serait la plus réticente à employer ce mode de locomotion, craignant une récupération de leurs données du fait que le véhicule est hyper connecté. Une crainte inexistante pour les personnes âgées qui accueillent avec enthousiasme l’expérimentation. Rendez-vous donc en 2021, pour faire connaissance avec « l’autonom cab ».