Climat
La constitution du stock fourrager, le nerf de la guerre
Cette deuxième année consécutive de conditions climatiques extrêmes impose de nouvelles approches du métier d’éleveur. Une réalité que Cédric Gratin fait sienne en repensant son assolement et en augmentant ses capacité de stockage de fourrage.
Pour Cédric Gratin, éleveur de Prim’Holstein, à Valencay, cette nouvelle période de stress hydrique et de chaud est, comme pour tous ses collègues, compliquée à gérer.
A la tête d’une exploitation de 380 ha de SAU et d’un cheptel de 70 vaches laitières, il a mis en place différents leviers afin de réduire les conséquences climatiques sur son troupeau et ses productions végétales. « Les plantes et les animaux souffrent énormément, rappelle-t- il. Nous sommes quasiment en phase de sécheresse depuis un an et demi. Je me pose beaucoup de questions sur mes pratiques. Je pense que des années comme celle-ci seront régulières dans les campagnes à venir. Si je fais le de mes récoltes, c’est une année plutôt bonne en céréales. Les PS sont très intéressants, supérieurs à 80 et le rendement dans la moyenne du secteur. Je suis un peu plus inquiet pour le maïs. Je l’utilise en ensilage. Actuellement son aspect est plutôt encourageant, mais j’ai des craintes pour les prochains jours avec des chaleurs annoncées. »
Introduction de la luzerne
Avec 70 ha de maïs, Cédric cherche à sécuriser ses stocks. A l’avenir, il envisage même d’augmenter sa production fourragère au détriment d’autres cultures. « Je suis en rotation colza, blé,orge. Comme chez beaucoup d’autres agriculteurs, mes résultats en colza ne sont pas bons. De plus avec des climats comme ceux que nous subissons, il faut anticiper les périodes sèches. J’ai dans l’optique de construire un deuxième silo pour mon ensilage. J’ai également le projet d’implanter de la luzerne en porte graine, ce qui me permettra d’apporter du fourrage de bonne qualité à mon troupeau », escompte-t-il.
Les fortes chaleurs augmentent également le risque d’échauffement du fourrage. Aussi, Cédric a ajouté de l’acide propionique dans son ensilage. Son action réduit le développement des micro-organismes responsables de la dégradation de la nourriture et limite l’apparition des moisissures. Pour ses cultures de dérobées, il ne se fait guère d’illusion.
N’étant pas irriguées, la sécheresse a fait son oeuvre. « C’est très sec. Je mets en pâturage mes génisses, je les change de parcelle régulièrement, mais il n’y a plus beaucoup à manger. Dans l’Indre, nous avons eu le droit de faucher nos jachères assez tôt, ce qui nous a permis de compenser nos pertes en herbe avec une alimentation encore verte, ce qui n’est plus du tout le cas maintenant. » Possibilité certes bonne à prendre, mais qui ne suffit pas à elle seule à palier toutes les pertes liées à la sécheresse.