Aller au contenu principal

Insertion
Le début d'une belle aventure

En fin d'année, dix migrants originaires du Soudan et d'Afghanistan ont suivi une formation d'apprentissage du français par l'intermédiaire du secteur agricole. Des échanges intenses et instructifs pour l'ensemble des acteurs, même si beaucoup de travail reste encore à faire. Retours d'expérience.

Au mois de décembre 2018, une aventure faite de partage et de décou­verte débutait au CFPPA du lycée Naturapolis. Un partena­riat liant les acteurs de l'emploi, de l'agriculture et les collecti­vités locales* a permis au lycée agricole de Châteauroux d'ou­vrir une formation unique en son genre, destinée à une popu­lation de migrants : l'apprentis­sage de la langue française par l'intermédiaire de la découverte des métiers de l'agriculture. Dix personnes originaires du Soudan et d'Afghanistan y ont participé.

 

UN VRAI BONHEUR DE TRANSMETTRE LES SAVOIRS

Le mercredi 24 avril, l'ensemble des participants - apprenants, formateurs, maîtres de stage et financeurs - se sont retrouvés au lycée Naturapolis, pour faire le bilan de cette opération. Pour tous, ce fut une expérience extrêmement enrichissante qui, malgré quelques appréhensions au commencement, a lar­gement dépassé les attentes.

« La barrière de la langue était un vrai défi à relever, explique Emilie Esclapez de l'Aidaphi*. « Ce sont des personnes qui ont une culture arabophone, avec un fonc­tionnement du langage complète­ment différent de celui du français. Le fait d'écrire de droite à gauche ou l'absence de connaissance de notre alphabet représentaient des difficul­tés qui auraient pu compromettre le bon déroulement de cette formation. »

Pour les formateurs, au cœur du projet d'apprentissage, ce fut une expérience rare et très positive, comme l'exprime Jean-Jacques Brissemoret, enseignant en agro-équipement : « Nous avons été très surpris de la rapidité d'apprentissage et de l'intérêt que l'ensemble du groupe porte à ce que nous leur apportons. Bien sûr, nous avons dû nous adapter en faisant évoluer notre pédagogie, par le geste notamment. Mats aujourd'hui, beaucoup d'entre eux ont fait d'énormes progrès. Certains s'obligent à parler en français pendant une demi-heure une fois rentrés chez eux. Si je devais qualifier mon sentiment vis-à-vis des échanges avec ce groupe, je dirais : motivation, écoute, soif d'apprendre et - le plus important à mes yeux - respect du formateur. »

 

POURSUIVRE LE TRAVAIL ENTREPRIS

Le support des métiers de l'agri­culture s'est révélé comme étant pour quelques-uns une petite révélation quant au développe­ment de leur projet professionnel, même si, comme s'accordent à dire les maîtres de stage, ils ne peuvent pas encore prétendre à un métier de salarié sur une exploitation.

« Ces semaines de stage ont été très riches, souligne Thomas Cugniéres, agriculteur à Heugnes qui a participé à l'opé­ration. Nous nous sommes décou­verts petit à petit. Culturellement c'était très enrichissant pour moi. Sur le terrain, cela fut parfois com­pliqué, la compréhension des termes techniques n'était pas toujours évi­dente. Il ne faut oublier que c'était une découverte du milieu agricole pour les stagiaires. Ils n'ont pas encore tes réflexes appropriés ni l'expérience. Je regrette juste que ce stage soit trop court, car en deux semaines nous n'avons pas réussi à approfondir réellement les spécifici­tés du métier. »

Après cette belle réussite, se pose désormais la question de l'après. Comment conserver cette éner­gie collective et faire en sorte que cette expérience soit finalisée ? « C'est toujours la problématique de ce genre de formation. Ils vont se retrouver confrontés aux difficultés administratives de la recherche d'emploi. Même si leurs progrès dans l'apprentissage de la langue sont évidents, il doivent être accompagnés dans leurs démarches », s'inquiète Sylvie Cheneau-Coatrieux, directrice du CFPPA.

Le statut du public choisi pour participer à cette formation leur permet d'être reconnu par l'administration et donc de pouvoir se former et travailler légale­ment. Emilie Esclapez de l'Ai­daphi se veut confiante. «Nous continuerons bien sûr à les aider dans leur .insertion. Nous allons leur proposer d'autres formations et d'autres stages en entreprises dans d'autres domaines. Mais le tra­vail avec les réfugiés n'en est qu'à ses débuts en France, Les offres, que ce soit pour l'apprentissage de la langue ou des compétences professionnelles, ne sont pas encore développées. »

L'un des souhaits exprimé par tous, c'est que l'ensemble des acteurs professionnels ou centres d'apprentissage s'ins­crivent dans des projets d'inser­tion, afin que des formations, comme celle dispensée au lycée agricole, ne soient pas une conclusion, mais bien le début d'une belle aventure.

 

* Les partenaires de l'opération : la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP), l'Association interdépartementale pour le développement des actions en faveur des personnes handica­pées et inadaptées (Aidapht), la chambre d'agriculture, Pôle emploi, la Direction régionale des entreprises de la concurrence de la consommation du travail et de l'emploi (Direccte) ; ainsi que le conseil départemental de l'Indre et le conseil régional Centre-Val de Loire, financeurs de l'opération.

 

Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 89€
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site L'Aurore Paysanne
Consultez le journal L'Aurore Paysanne au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter du journal L'Aurore Paysanne
Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Vous aimerez aussi

Les sinistres climatiques plombent de plus en plus les budgets des assureurs

A l’occasion de la Rencontre mutualiste, à Châteauroux, Xavier Besse, président de la fédération de  l’Indre de Groupama, a fait le point sur

Les élections de 2025 : un enjeu pour la protection sociale agricole

2025 sera une année élective pour la MSA.

Les caractéristiques agricoles de l'Indre rappelées à la préfète de région

Sophie Brocas, préfète de la région Centre-Val de Loire, était en visite sur une exploitation à Thevet-Saint-Julien, le mercredi 10 avril.

Des sangsues et des étangs

Jusqu'au milieu du XIXe siècle, la sangsue était très prisée par la médecine.

La souveraineté alimentaire, un enjeu majeur

Selon la FNSEA, bien plus que la production alimentaire, l'idée de souveraineté est vaste et comprend une alimentation saine et de qualité pour tou

Arnaud Rousseau : « Notre vision, ce sont des agriculteurs qui ont le goût d’entreprendre »

Le président de la FNSEA a rappelé que l’action de la FNSEA repose sur trois piliers : le revenu, l’attractivité du métier et le renouvellement des

Publicité