Aller au contenu principal

Pourquoi la Wachkyrie rit ?

Aujourd'hui connue sous le nom de « vache qui rit », l'emblématique fromage portion star des frigos doit son sourire à l'illustre dessinateur Benjamin Rabier. Histoire d'un avant-gardiste berrichon, inspirant et roi de la pub.

Quel est le point commun entre la vache qui rit, le bouillon Maggi, le sel la Baleine, Ricqles, et bien d'autres marques qui ont traversé les décennies ? Leur illustrateur publicitaire, Benjamin Rabier.

Le dessinateur né à la Roche-sur-Yon, fin décembre 1864, mais berrichon par ses parents et dans l'âme, a su manier les crayons très tôt, lui offrant une carrière internationale. A 15 ans, il obtient le prix du des-sin de la ville de Paris, mais obliger d'interrompre ses études, il enchaîne les petits boulots à Paris, souvent de nuit aux Halles, avant d'entrer comme comptable au Bon marché, en 1889. Cette même année, ses œuvres sont publiées pour la première fois dans le Gil Blas Illustré. Le succès est au rendez-vous, le dessinateur multiplie les publications dans diverses revues, assurant le premier numéro spécial de L'Assiette au beurre, en 1903, lui le seul dessinateur de sa génération à sortir du moule des images d'Epinal avec ses animaux rieurs et ses bambins farceurs, lui valant le surnom de « l'homme qui fait rire les animaux », tout en poursuivant sa carrière aux Halles jusqu'en 1910.

Le Berry en illustration

Fils d'un père compagnon menuisier né à Lye et d'une mère fille d'aubergiste, Benjamin bien qu'ayant grandi et fait carrière à Paris est resté très profondément enraciné dans l'Indre, et surtout dans le Boischaut-nord. Il loue en 1895 une maison à Lye, avant d'en construire une au début du XXème siècle. Il y vivra pendant 17 ans, avant de la vendre et de séjourner régulièrement à Breuil, à Faverolles-en-Berry, chez son gendre. Bourgade dans laquelle il repose humblement depuis 1939.

Son attachement à la vie rurale se ressent dans ses œuvres, très champêtres où les animaux et les paysages de campagne ont la part belle, à travers ses illustrations pour adultes dans un premier temps puis pour enfants.

Le rire de la Wachkyrie

En 1914, la première guerre mondiale éclate, Benjamin Rabier, alors dessinateur reconnu, s'engage sous les drapeaux. Période lors de laquelle, l'illustrateur humoriste tourne en dérision l'armée allemande sous ses traits de crayons. Il dessine des affiches pour les emprunts de la Défense nationale, des cartes postales envoyées par les soldats au front à leurs familles. Il crée ainsi le Flambeau chien de guerre (1916), avec pour sujet : comment raconter aux petits français une guerre qui les privent d'un père, d'un frère, de parents, tout en donnant corps à la vie des poilus et leur enfer des tranchées. Dans un même temps l'Etat-major décide de doter chaque unité de ravitaillement d'un emblème spécifique, qui sera apposé sur chaque camion. Pour ce faire, un concours est organisé. Ni une ni deux Benjamin Rabier y participe proposant une vache rouge hilare. Elle ornera les camions de ravitaillement en viande fraîche (RVF) et sera surnommée par les poilus « Wachkyrie », en allusion aux Valkyries, emblème des transports de troupes allemandes.

Mais comment est-elle devenue le symbole du fromage fondu triangulaire ? simplement par Léon Bel qui en 1921 était à la recherche d'un nom pour son fromage fondu et se souvenant du logo qu'il avait vu tous les jours lors de la grande guerre, puisque affecté au RVF, déposa la marque « Vache qui rit ». Piètre dessinateur, il essaie de reproduire une vache sur pied, une entreprise vouée à l'échec. Il contact alors son ancien camarade de guerre pour qu'il reprenne son dessin original en lui ajoutant des boucles d'oreilles. Léon Bel lui achète les droits d'image pour 1 000 francs, et l'imprimeur Ver-casson, avec qui l'industriel travaille, a donné à la vache rieuse sa fameuse couleur rouge.

Depuis, la vache hilare sortie de l'imaginaire du Berrichon, malgré ses relookings réguliers depuis 1921, a fait le tour du monde, a traversé les générations, est entrée au panthéon de la mémoire collective et de la culture populaire.


Rabier, père de Tintin

Les défis ne lui font pas peur, après avoir conquis la presse, avec ses dessins et histoires courtes, Benjamin Rabier se lance dans le dessin animé et la publicité, ainsi il anime régulièrement son canard légendaire, Gédéon pour la cinémathèque Baby-Pathé. En parallèle, il crée pléthores d'illustrations publicitaires.

Parmi les nombreuses œuvres de Benjamin Rabier, on retrouve dès 1898 le premier album mettant en scène Tintin-Lutin, un petit garçon malicieux, en culotte de golf, coiffée qu'une houppette et souvent accompagné par un petit chien. Des histoires qui ont su séduire les plus jeunes comme un certain Hergé qui s'en est inspiré des décennies plus tard pour créer son Tintin, avec sa houppette blonde et son fidèle chien Milou. Le public découvre alors, dès 1939, les aventures de ce nouveau héros curieux avec une indéniable soif d'aventure.


 

Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 91€
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site L'Aurore Paysanne
Consultez le journal L'Aurore Paysanne au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter du journal L'Aurore Paysanne
Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Vous aimerez aussi

Lors de la réunion, de nombreux agriculteurs ont interpellé la DDT 36 sur les cas particuliers qu'ils rencontrent.
Cours d’eau : des règles strictes mais adaptables pour l’entretien

Entre obligations légales, cartographie évolutive et souplesses réglementaires, l’entretien des cours d’eau reste un exercice complexe pour les agr

Trompe de chasse, entre tradition et modernité

Bercé au son des trompes de chasse, Flavien Bérenger a poursuivi la tradition familiale en devenant sonneur au sein du Cercle Saint-Hubert Bas-Berr

Cécile Schuletzki, chargée de développement (à gauche) et Elise Broquet, coordinatrice Bac pro CGEA.
Un accompagnement sur mesure

 Au CFA Naturapolis, les 310 apprentis et leurs maîtres d’apprentissage bénéficient d’un suivi individualisé et personnalisé.

Au printemps venu, la violette en raconte des histoires

Fleur fétiche de Napoléon 1er, la violette signe le début du printemps.

En plus de leur formation, les apprenants participent aux épreuves de pointage caprin et au challenge inter-lycées au Salon de l'agriculture.
CS caprin, une formation dans le concret

 En France, six centres de formation dispensent un CS Caprin.

Nicolas Bouzou, économiste. ©CACO
L'Europe face aux bouleversements : une opportunité historique ?

Avec l'administration Trump, l'Europe doit-elle enfin s'affirmer comme une puissance adulte sur la scène internationale ?

Publicité